Nicole RIEU - Je chante donc je suis ! - 6ème partie
Vous proposez des stages « Je chante donc je
suis », en série de week-end ou de 8 jours. C’est un besoin ‘chevillé au cœur’
de transmettre cette magnifique maxime ?
Bien
sûr parce que c’est pour faire référence à la chanson et pour faire référence à
Descartes aussi. Pour lui c’était « penser », pour moi c’est « chanter »,
activer la partie droite du cerveau, c’est-à-dire le cerveau intuitif, le
cerveau de la tendresse.
C’est
aussi le titre du Mémoire que j’ai écrit, où j’exposais le fait que le chant
qui est formidable permettait une plus grande conscience de soi, une plus
grande conscience de son Être.
J’avais
envie depuis quelques années déjà de transmettre mon enthousiasme à chanter, à
faire partager le don que j’ai reçu, mais je ne savais pas sous quelle forme.
J’avais déjà fait des essais avec des femmes en grande difficulté, des femmes
victimes de violences. J’ai travaillé avec elles pendant plusieurs années et j’ai
vu ce que cela avait pu produire et générer chez ces femmes, de révélateur avec
leur prise de conscience et de confiance en elles.
J’avais
envie d’avoir des outils. C’est pour cela que j’ai fait une formation de Psycho-Phonologie.
La Psycho-Phonologie
c’est un lien entre nos fêlures et l’expression vocale. Par la voix, on peut
révéler ce qui nous a détruits et construits aussi bien sûr, et on peut
l’améliorer par un travail psycho-vocal.
Dans
les stages, je mêle ma partie artistique, créative et scénique avec la partie relation
d’être par la voix, puisque à la fin des stages je propose un concert public.
Beaucoup de ceux qui au début du stage disaient : « Je n’ai pas de
voix, je coince dans l’aigu, etc » se retrouvent en fin de stage, au bout
de 5 jours seulement, en train de chanter, et de chanter juste devant un public.
Chanter juste, c’est chanter avec son âme, avec son ressenti. Quand on se
laisse porter par son ressenti, il n’y a plus de fausses notes, on est ajusté avec
soi.
C’est
une très belle expérience que vivent les gens qui me font confiance.
Il
est arrivé plusieurs fois que des gens me disent : « Non, le concert moi
je ne le fais pas, ou alors je me mets derrière ». Eh bien, le jour du
concert, ces gens-là sont devant les autres. Et le public est bouleversé. Parce
que ce n’est pas un travail technique de chorale ; ce serait vraiment très
prétentieux de vouloir mettre au point et harmoniser 6 chansons en 5 jours de
travail. C’est autre chose, cela touche ce que l’on ne peut pas toucher, ce que
l’on ne peut toucher qu’avec son ressenti.
Cela fait envie ……. Donc là, vous dites que c’est à partir de la voix que l’on peut voir les
blocages des gens ?
Oui,
à partir de la voix et à partir de l’écoute aussi, parce qu’il y a un outil que
nous utilisons dans cette formation. C’est le test d’écoute de Tomatis. Dans l’écoute
osseuse, c’est-à-dire l’écoute intérieure, dans les graphismes, on voit aussi là
où il y a eu des choses qui ont été cassées, bousculées.
Chaque
fréquence que l’on fait écouter aux gens représente aussi des parties du corps.
Et avec cet outil-là on gagne du temps car on peut déceler certains blocages
qui vont immédiatement « parler » à la personne.
J’utilise
beaucoup l’écoute, parce qu’on ne s’écoute pas dans notre société. On entend
mais on ne s’écoute pas.
La
voix révèle tout : vous n’avez pas la même voix, le matin, le midi ou le
soir. Tout cela est très lié. Dans l’écoute, lorsqu’il y a une partie du corps
qui est abîmée, cela se voit, cela s’entend ; quand on n’arrive pas à
monter dans les aigus par exemple, c’est aussi révélateur d’un blocage.
Je
travaille aussi beaucoup sur le ressenti. Je ne reste pas sur une impression. J’ai
vu une personne très handicapée qui est venue dans les stages, et lorsque j’ai
proposé une improvisation sur une chanson, elle s’est révélée totalement. Alors
qu’elle avait une voix très chevrotante et pas du tout affirmée, d’un seul coup
sa voix est devenue incroyablement assurée. C’était incroyable !
Cela
passe parfois par beaucoup d’émotions, des larmes, des cris et le groupe est là
et fait bloc pour soutenir cette personne qui souffre. Toute émotion est
bienvenue. Et c’est là où l’on voit la grande force du groupe, car le groupe
est porteur. Lorsque la personne est au centre de ce cercle et que le groupe
chante pour elle toute seule, l’émotion est intense, je vous assure. Intense
pour la personne qui se retrouve au milieu du cercle et qui est obligée à cet
instant-là de s’écouter. Bien souvent il s’agit d’une personne qui n’a pas
l’habitude que l’on s’occupe d’elle et d’un seul coup il y a 15 personnes qui
ne chantent que pour elle, c’est extrêmement fort et réparateur. C’est intense
pour elle et intense aussi pour toutes ces personnes qui lui insufflent de
l’Amour et du réconfort.
On
ne s’écoute pas dans notre société. C’est pourtant très important.
Avez-vous assisté aux Vêpres de la Résurrection de la
Communauté des Béatitudes, où on peut avoir l’occasion d’entendre le chant en
langues ?
Non,
j’en ai entendu parler mais je ne l’ai jamais vécu.
Le chant en langues, c’est le babillement de
l’enfant, on se laisse aller comme dans les mains du Père. On est en groupe ou
on est seule. On est dans la confiance.
C’est très beau !
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Aimable
retranscription de Michèle V.