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POUR UNE CIVILISATION DE L'AMOUR

4 janvier 2017

"Je danserai pour toi", One Woman Show de Sophie Galitzine. Un itinéraire spirituel qui décoiffe !

Affiche

Parmi les pièces qui traitent du domaine spirituel et qui ont chacunes leur valeur, 'Je danserai pour toi' s'en illustre parce qu'il s'agit là, d'une conversion, celle d'une étoile qui passe d'un ciel éphémère où elle se sent étriquée à celui spirituel de Dieu aux dimensions infinies. Louison nous ouvre les épisodes vivants de l'histoire de son âme. Un seule en scène passionnant !

 

Louison porte la trentaine à merveille, elle est bien dans son corps et dans sa tête.. Parisienne très branchée, nous aurions certainement puis suivre les événements de sa vie dans les magazines peoples. Tout semble lui suffire et elle règne comme une princesse dans la sphère de sa vie.

Dans son monde, Louison nous entraîne, avec art et humour, à partager les ombres et lumières familiales, provoquant notre hilarité avec le délice de leurs petits travers, nous présente de façon caustique un professeur d'art draje danserai pour toi2bmatique bien vénal, et met en relief une panoplie de personnes plutôt chelou, rencontrées lors de son voyage initiatique en Inde.

Jusqu'à cet homme presque en tenue d'Adam, portant une Bible et aimant le Christ. Rayonnant et léger il incarnera

 pour Louison, le visage de Jésus qui s'imprègne désormais en elle. « Je tombe nez à nez avec les yeux d'un Indien assis en tailleur et en slip qui a l'air de s'en foutre de ses bourrelets, et je suis comme transpercée par la douceur de son regard » 

Et Louison devient une autre femme qui s'harmonise. A la liberté du papillon qui volette pour le plaisir, succède une femme apaisée.

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Mais Louison, un peu brut de décoffrage dira plutôt : « je traverse Paris à vélo tous les jours pour me rendre à la messe… à trois kilomètres de chez moi et ça grimpe. Du coup, jackpot, j'hérite d'un cul de Brésilienne »

 

Son cheminement avec Jésus, touche son cœur et son corps blessé à l'adolescence, et dont la danse lui apporte une expression d'elle-même plus entière. Après s'être rasé le crâne en Inde, Louison continue sa radicalité en prenant l'habit de religieuse.

A chaque passage caractéristique de sa vie, Louison tire un rideau de couleur, occupant la scène avec l'intensité des différents états intérieurs, entremêlé de pas de danse. Un spectacle très dynamique.

Cette pièce bien structurée, dansée et chantée s'adresse à toute personne ouverte et curieuse qui souhaite découvrir le parcours spirituel d'une femme d'aujourd'hui, et bien sûr à tous les jeun's séduit par son tempo funk.

Louison, la bougie que tu portes nous invite à faire aussi ce chemin de l'intériorité, à pratiquer ce cœur à cœur avec Dieu, exprimé par exemple, dans la spiritualité orientale et orthodoxe selon le terme de philocalie du cœur.

Sophie Galiztine, Голи́цын, je me lève et te dit BRAVO !

 

je danserai pour toi4

 

Bande d'annonce de 'Je danserais pour toi' : 

 

https://www.youtube.com/watch?v=CUDv-RTv-YY

 

 © Crédit photos : Clémentine Houdart

L'Essaïon

6 rue Pierre au Lard

75004 Paris

Réservation : 01.42.78.46.42

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Prolongations !

Du 18 novembre au 14 janvier

les vendredis et samedis à 21h30

 

http://www.essaion-theatre.com/spectacle-je-danserai-pour-toi-721.html

 

 

Nota :

Sophie GALITZINE est Comédienne, art-thérapeute et danseuse,

Logo

www.sophiegalitzine-arttherapie.fr

 

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14 octobre 2009

Nicole RIEU - Je chante donc je suis ! - 1ère partie

FcbkNicole Rieu, quel a été le parcours artistique qui vous a amené à l'Eurovision ?

Je suis une chanteuse depuis ma petite enfance. J’ai toujours chanté, j’ai toujours aimé chanter. Avant l’Eurovision, il y a eu une chanson qui s’appelle « Je suis » et qui m’a propulsée dans le côté médiatique. C’était en 74, et l’année suivante, j’ai été proposée pour représenter la France à l’Eurovision, parce que vous savez comment c’est dans le métier de la chanson, lorsqu’il y a un jeune chanteur qui arrive, tout le monde s’en empare. J’avais le vent vraiment dans le dos à ce moment-là. Et donc cela m’a permis de faire l’Eurovision. Voilà, c’est tout simple !

Comment avez-vous vécu votre interprétation et cette victoire musicale ?

Au départ, j’étais tellement loin de cet aspect de la chanson, parce que j’étais auteur-compositeur. « Je suis », c’est arrivé vraiment comme ça ….. Ce n’est pas moi qui l’ai écrite !

La chanson de l’Eurovision, je l’avais déjà enregistrée, c’était « Bonjour à toi l’artiste » C’était une00 chanson qui correspondait à ce que j’avais envie de dire, mais elle n’était pas de moi, et lorsque l’on m’a dit « Est-ce que tu veux bien la proposer à l’Eurovision ? », j’ai dit « je veux bien » en pensant « de toute façon elle ne sera pas prise ». Ce n’était pas du tout l’image d’une chanson de l’Eurovision. A l’époque, c’était en 75 – au milieu des années 70 - c’était plutôt des chansons « Poum poum tralala » ……

J’y suis allée en me disant « de toute façon, je m’en fous, ce n’est pas mon histoire » et puis finalement je me suis fait piéger par le côté concours. J’ai eu un trac abominable, je l’ai vraiment très très mal vécu sur le coup parce j’ai eu l’impression de chanter vraiment mal, de ne pas arriver à gérer mon stress, mon trac.

Et à la fin de la prestation, vous savez quand on voit les artistes qui attendent dans une pièce, et que l’on entend « eight points », et bien moi je n’y étais pas. J’étais repartie avec Jean Musy, qui était mon arrangeur et pianiste. Nous étions tous les deux. Je me suis fait consoler, parce que je trouvais que c’était nul, j’étais vraiment dans une dépression post-prestation. D’ailleurs, j’ai revu Jean Musy il n’y a pas très longtemps, et on l’a évoqué à nouveau en rigolant bien. On était vraiment loin du monde de l’Eurovision.

L’Eurovision c’est bien, oui, la preuve puisque plus de 30 ans après il y a quelqu’un qui m’en parle, qui fait une interview sur moi et qui me parle de çà en premier, donc oui c’est bien. Si ça marque quand même une carrière, l’Eurovision ça n’est quand même pas un label de qualité, il faut dire ce qui est !

Je ne dirais pas ça, vous nous avez apporté une œuvre de poésie. Je l’ai écoutée avec énormément d’attention. Je voyais en vous vraiment une femme qui nous offre de la poésie et qui le fait avec grand bonheur, avec perfection. Une perfection dans la mesure où c’est une belle œuvre et cela touche les cœurs.

I_amAh mais oui, je suis d’accord avec vous. Après j’ai développé ce côté-là, bien sûr. Mais le concours de l’Eurovision, je peux vous dire qu’après, à la fin des années 70, début des années 80, il y avait 2 métiers dans le métier. Il y avait les chanteurs de variétés qui passaient chez Guy Lux, et puis ceux qui passaient chez Chancel. Eh bien moi je passais chez Guy Lux, mais je ne passais jamais chez Chancel.

Vous voyez, c’est très caractéristique. Je n’ai pas forcément fait ce qu’il fallait. Ma responsabilité est énorme. C’est vrai que je ne sais pas me vendre, je ne sais pas m’entourer. Moi je m’entoure de gens qui me conviennent sur le plan affectif. Je ne cherche pas forcément ce qui est bon pour ma carrière ……

Mais, c’est vrai que lorsqu’il y a eu après, comme il peut y avoir aujourd’hui, un courant de nouvelles chansons ; - je vous rappelle qui étaient les nouveaux chanteurs à l’époque, c’était Catherine Lara, Cabrel, Sheller, Marie-Paule Belle, Balavoine et tant d’autres - ; et bien ceux-là sont restés dans le côté artistique et moi je suis restée dans le côté commercial. Et pour moi cela a été vraiment très difficile de relever la barre, très très difficile.

Mais c’est très bien. Au cours de l’interview, vous le ressentirez et je le redirai certainement encore, je n’ai aucun regret, toutes les marches qui ont fait que je suis aujourd’hui là où je suis, et bien elles sont importantes, justement dans la construction de mon être. Donc, c’est très très bien. Tout ce qui s’est passé, c’est bien. Voilà !

Vous avez l'audace de chanter à capella, prouesse unique, je crois dans la chanson française, en interprétant "La goutte d'eau". On a le sentiment de s'envoler, que vous suspendez le temps, et de partager une dimension artistique forte. Que ressentiez-vous ?goutte_d_eau

Ne le dites pas au passé, parce que je la chante toujours, je la chante avec délectation, et je la chante toujours a capella. Ce que les gens reçoivent, ça leur appartient. Moi quand je la chante, j’ai toujours l’impression de la chanter pour la première fois, c’est comme « je suis », ce sont vraiment des chansons qui ont une dimension qui me dépasse.

Cette chanson « la goutte d’eau », quand je l’ai enregistrée, je cherchais depuis quelques années une mélodie qui pouvait accepter d’être chantée a capella. Au départ je voulais un accompagnement de chœurs d’hommes. Lorsque j’ai entendu cette mélodie, qui est un traditionnel irlandais qui s’appelle « The Foggy Dew »,  je me suis dit « c’est vraiment ça que je vais faire ». Après c’est Jannick TOP qui a écrit l’arrangement de chœurs d’hommes. C’est un arrangement vraiment extraordinaire.

bonjourAprès, le texte a été écrit, j’étais présente mais je n’ai pas écrit un mot. C’est Simon MONCEAU qui a écrit les paroles. On préparait un album et on écrivait vraiment ensemble. Sur cette chanson-là je n’ai rien écrit. J’étais là et ça a été quand même mon impulsion qui était là. Vous savez, il m’est arrivé plein de fois, et notamment, je me souviens la première fois que cela m’est arrivé, lorsque je chantais cette chanson-là; il y avait un écho qui me revenait et j’avais l’impression que je me la chantais : « La route que l’on m’avait creusée ….. J’avais trop envie d’être écoutée ». Elle a été écrite pour moi cette chanson. D’un seul coup je me suis dit, « cette chanson je l’ai écrite pour moi », même si je ne l’ai pas écrite, mais elle est pour moi, elle a été écrite pour moi.

Et ça n’a pas d’importance, je ne suis pas une goutte mouton, je ne rentre pas dans le moule, j’existe vraiment quoi et peu importe si j’évite les sentiers battus, si j’évite ce qui serait confortable, ma vie c’est pas ça, la vie c’est pas ça. Voilà ce que je ressens.

Mais vous savez, ce que je ressens aussi, si je peux aller plus loin, c’est aussi une façon d’être solidaire à tous les combats minoritaires d’existence.

C’est l’intensité de cette goutte d’eau ?

Oui, à une époque, elle avait été prise par un mouvement minoritaire de femmes, à la fin des années 70 ou début 80, et c’est vrai que je me suis dit que cette chanson peut vraiment servir de bannière à ceux qui se sentent petits, qui ne se sentent pas écoutés. On va se mettre ensemble, on va essayer d’acquérir ce que les autres ont, c’est-à-dire la liberté peut-être.

Oui, c’est pour sortir de l’Avoir à l’Être

Pour moi oui, bien sûr, je ne peux pas prendre le parti de tous les petits mouvements minoritaires, parce que d’abord, il y en a que j’exècre. Il est évident que si le FN me demandait la chanson je dirais non avec force et avec grande volonté.

Bien entendu, ce sont MES combats minoritaires.

En 1976, vous publiez l'album "Le ciel c'est ici". Que vouliez-vous dire à l'époque ? Êtes-vous toujours d'accord aujourd'hui ?

Qu’est-ce que je voulais dire à l’époque ? Eh bien je vais vous dire, je n’en sais rien ! On m’avait apporté la chanson, cela me plaisait, c’était plus le balancement de la musique qui m’intéressait. En y réfléchissant un peu plus, j’ai toujours cultivé l’instant présent. Pour moi le bonheur il ne peut être que dans le présent, dans l’acceptation du présent et dans la réalisation du présent. Vous savez à cette époque je ne m’interrogeais pas plus que ça sur le sens de ce que je chantais. Enfin vous comprenez ce que je veux dire ….. J’étais quand même dans une énergie qui n’est absolument pas la même que celle d’aujourd’hui. Voilà, on peut le penser comme ça.

C’est une porte ouverte pour certains à une vie après...

Oui, comme c’est une chanson qui n’a pas eu un grand écho, c’était le titre de l’album c’est vrai. Cela se terminait comme une chanson de comédie musicale « Le ciel c’est ici, c’est ici …. »

Bon ça dépend, effectivement, maintenant que vous en parlez, quel est le sens que l’on donne au ciel ! Le ciel spirituel ? Pour moi, dans cette vie incarnée, je considère quand même que l’essentiel « l’essence du ciel », c’est vraiment d’être présent à soi.

Oui, c’est très beau. Je retrouve les jolis mots que j’ai entendus en discutant avec le Père André Marie. C’est vrai, c’est très porteur de sens.

L'affiche "Sahel Vivant – Concerto pour le rêve", me fait penser à cette parabole de Jésus à propos du grain de sénevé qui devient une fois planté en terre, un arbre accueillant les oiseaux du ciel. Pouvez-vous nous parler de votre foi en Jésus, puis de votre vocation de chanteuse ?sahel

Bon, alors ma foi en Jésus, elle m’appartient, voilà. J'ai une foi qui est très personnelle, qui ne rentre pas dans des schémas comme je vous le disais tout à l’heure par rapport à la chanson « La goutte d’eau ».

J’ai foi. J’ai foi en l’humain, j’ai foi en l’au-delà, j’ai foi en des choses que l’on ne voit pas et que l’on peut ressentir.

J’ai foi dans le message christique, ça c’est vraiment quelque chose qui me touche. Pour moi, il y a une chose, c’est « Aimez-vous les uns les autres », c’est « Aimer Le Père comme je vous ai aimé » et c’est « Aimer l’autre comme vous vous aimez ». Pour moi, ce sont mes 3 axes de vie.

J’ai du mal à en parler, parce que c’est tellement intériorisé, c’est tellement personnel, et c’est tellement mouvant aussi ; parce que pour moi il n’y a rien qui soit vraiment dans le roc. Je suis ouverte à tout ce que l’on me dit, à tout ce que je vois, tout ce que j’entends, tout ce que je lis. Donc, cela bouge tout le temps. Tout ce que vous dis aujourd’hui, je vous le dirais peut-être différemment dans 1 an. Il y a 2 ans je l’aurais dit différemment aussi. C’est pour ça qu’aujourd’hui c’est un instantané.

Aujourd’hui j’ai foi, j’ai la foi. Ma foi, c’est aussi de penser qu’à l’intérieur de chaque humain il y a cette force divine mais que souvent elle est masquée par l’ego, par des envies égotiques ou des envies de pouvoir.

C’est pour cela que je dis « ma foi elle m’appartient », elle ne rentre pas dans des rails.

Le titre d'un de vos albums est "Zut". Est-ce pour dire au Show-bizz qu'il rime avec tour de pise ?

zut(rires…) Non, c’était pas pour dire au showbizz, c’était pour me dire à moi-même. Cela représente aussi l’époque où j’en avais un petit peu marre de cette image « cucu-la- praline » que l’on m’avait collée, et qui représentait sans doute ce que j’étais à ce moment-là. C’était aussi pour dire, « j’ai d’autres choses que la gentille petite fille au regard désincarné et les yeux complètement dans le vide ».

J’avais envie aussi d’affirmer ma réalité de femme. On est dans le début des années 80, j’avais des idées, j’étais maman, j’avais envie de dire tout ça. Les textes commençaient à être un peu plus fournis, un peu plus denses. Il y avait notamment une chanson sur Fleury-Mérogis, sur les détenus, parce que j’étais allée chanter dans les prisons. Il y avait aussi une chanson un peu décalée sur une relation amoureuse entre une jeune fille et un monsieur qui aurait pu être son père.

Il y avait des trucs quand même vraiment intéressants dans cet album-là, et puis j’avais envie aussi de changer de son. Donc, j’ai quitté le côté très acoustique des précédents albums et j’ai travaillé avec un arrangeur et guitariste qui est toujours mon ami d’ailleurs, Norbert Galo, qui, à cette époque-là, m’apportait un côté très électrique, très groupe ; je ne dis pas rock, mais plutôt soft-rock.

Et puis pour faire un point un peu plus surligné, j’avais coupé mes cheveux, donc mes bouclettes … Et la pochette était pour moi très provocatrice à l’époque, c’est-à-dire , au lieu d’être dans une ambiance « Hamiltonienne » comme c’était le cas dans mes 3 précédents albums, j’avais choisi un collage d’un artiste et dans ce collage il y avait un homme nu de dos, il y avait une guitare électrique et des couleurs très rouges. J’étais habillée avec un truc un peu métallisé. Mais c’était le début des années 80, et moi je ne faisais que suivre la mode. Sur l’image de la pochette de 74 de « Je suis », j’avais une robe en dentelle, j’étais dans un paysage automnal avec une cascade…. Et là la mode continuait ……

Cet album a été jeté joyeusement par tous les médias, et c’est là que j’ai disparu des médias. Enfin, en gros, c’est très schématique bien sûr, mais quand même, c’est là que ça à commencé à décliner pour moi. Mon « Zut » il était affirmé, et comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je ne regrette pas du tout d’avoir fait cet album. Je suis très contente de l’avoir fait.

D’ailleurs, je l’ai réécouté il n’y a pas très longtemps, et je me suis dit « quand même il était vraiment bien cet album ».

Vous avez été Marie-Madeleine dans la comédie musicale "Marie-Madeleine", écrite par les vendéens Patrice et Roger Martineau et mise en scène par Michaël Lonsdale. Il s'agit de la vie et de l'itinéraire de Ste-Marie-Madeleine de Palestine en France. Comment l'avez-vous vécu artistiquement et aussi en femme chrétienne ?

C’est difficile pour moi de séparer le côté artistique et le côté féminin, et surtout par rapport à Marie-Madeleine.

Artistiquement, cela a été d’une grande puissance pour moi car c’était la première fois que j’étais sur scène pour autre chose qu’un tour de chant. J’étais mise en scène et j’avais un monologue très très costaud …. Les temps de travail avec Michaël Lonsdale a été d’une puissance et d’une écoute extraordinaire. C’est un vrai grand bonhomme, je l’aime infiniment parce que sans en avoir l’air, il a fait sortir des choses de moi ; tout en étant complètement déstabilisant. On mettait au point quelque chose et quand on revenait le lendemain il changeait la mise en scène, mais c’était simplement pour nous amener à plus.

Et puis, sur le plan de la femme, j’étais depuis toujours très attirée par Marie-Madeleine. Ma vision de Marie-Madeleine est peut-être atypique, mais comme je vous le disais tout à l’heure, elle m’appartient. J’ai pas envie qu’on la montre avec un côté diaphane, comme Marie d’ailleurs, pour moi ce sont des femmes très affirmées qui sont mises un peu de côté par les religions.

Marie-Madeleine, c’est vraiment l’image de la femme qui fait ce qu’elle a envie de faire, qui suit le chemin qu’elle a envie de suivre, qui suit ses intuitions et son amour infini pour l’Homme et pour ce qu’il représente aussi spirituellement.

C’était énorme pour moi d’avoir ce rôle-là, je me suis vraiment sentie investie. Ça m’a chamboulée.

On a joué la pièce 3 fois, et ensuite, ça s'est terminé parce que ce n’était pas viable. Je ne sais pas ce que c’est devenu et je n’ai plus de contact avec eux. Ils ont ensuite changé tout le monde, même Michaël Lonsdale a été évincé lui aussi. Je ne sais même pas s’ils l’ont montée avec d’autres personnes.

Mais cette expérience là a vraiment été extrêmement enrichissante sur tous les plans.

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Aimable retranscription de Michèle V.


13 octobre 2009

Nicole RIEU - Je chante donc je suis ! - 2ème partie

Vous avez rencontré Lance White, le petit-fils du chef sioux Jacob White Eye, l'ami du marquis de Baroncelli. Ce chef sioux avait accompagné Sitting Bull, Red Cloud et tous les sioux qui avaient vécu en Camargue. Lors de cette rencontre, vous êtes devenu « Femme aigle au coeur bon » - Wamblee Cante Watche Win. Comment avez-vous vécu cette rencontre ?

cam_rouge_01C’est pareil, c’est vraiment un point très très fort de ma vie, parce que la philosophie et la façon de vivre des amérindiens m’a toujours intéressée, et un jour je me suis retrouvée sur scène avec eux, une troupe d’amérindiens, dont Lance qui était le conseiller en affaires indiennes du film « Danse avec les loups ». Il présentait les danses et les chants traditionnels du Dakota et moi je chantais. A la fin de leur prestation, ils ont invité, comme souvent, le public à venir danser avec eux, et ils sont venus me chercher. Je suis donc allée danser avec eux, et ce côté martelé de la danse et de l’implication à la Terre, c’est vraiment très puissant. A la fin de la prestation, ils sont revenus sur scène, et Lance a commencé à faire des incantations aux quatre directions. La chanteuse qui était là me disait ce qu’il faisait ; il appelait l’esprit des ancêtres, l’esprit des anciens, pour me donner un nom sioux. Il m’a alors donné une plume d’aigle et m’a également donné ce nom de « WAMBLEE CANTE WATCHE WIN ».cam_rouge_02

J’étais dans tous mes états bien sûr, et ce n’est qu’après, lorsque j’ai rencontré Jean Vilane, qui était très documenté sur la venue des indiens en Camargue, que j’ai su que ces gens-là étaient les descendants de ceux qui étaient venus en Camargue avec le Marquis de Baroncelli à la fin du 19ème, début du 20ème siècle. On dit qu’il n’y a pas de hasard, mais c’était quand même très fort.

Vous avez composé les paroles et musiques de la comédie musicale « Camargue rouge » jouée au Festival 2004 de Carpentras.

Ce n’est pas une comédie musicale, c’est un conte. Un conte musical, parce que ce n’est pas fait sous forme de comédie musicale. Il y a un conteur qui raconte l’histoire et moi je fais l’habillage sonore et musical, et je chante.

cam_rouge_04Qu'avez-vous voulu nous offrir à travers cette oeuvre ?

A travers cela, c’est d’abord le respect de l’autre, l’écoute de l’autre, le partage avec l’autre et quelles que soient les traditions et la couleur de peau, parce que le Marquis de Baroncelli était, je pense, un grand visionnaire. Moi je ne le connaissais pas, c’est à la lecture de cette histoire, écrite par Jean Vilane, que je l’ai découvert. Je suis ensuite allée au Musée du Roure à Avignon, pour savoir ce qu’il c’était réellement passé.

Le Marquis de Baroncelli, c’était un noble avignonnais qui vivait en Camargue, c’était un amoureux de l’espace, de la Terre, des éléments. Il vivait à cheval la plupart du temps dans la Camargue de l’époque, dans les marécages, le sel, le vent, la mer.

Il avait pour ami le poète Mistral et il faisait partie des gens qui ont initié aussi la langue provençale sous l’impulsion de Mistral, c’était quand même quelqu’un de fort. cam_rouge_03

Et sur ses terres, il avait déjà accueilli les gitans qui venaient là pour le pèlerinage tous les ans aux Saintes-Marie-de-la-Mer ; pour le culte à Sara. Quand il a su que les indiens d’Amérique n’étaient pas loin, il a tout de suite pensé que c’était le même peuple que les indiens de l’Himalaya. Pour lui, les indiens et les gitans, c’était pareil. Il disait  « que l’on mette une coiffe de plumes à un gitan ou que l’on mette leur attribut à des indiens, ce sont les mêmes ». Cela pose tout de même des questions très intéressantes.

Ces gens-là se sont rencontrés et on peut imaginer que pour les indiens, après les massacres qu’ils avaient subis, se retrouver avec les mêmes gens que chez eux, des cow-boys à l’accent provençal qui les accueillaient, leur apprenaient leurs techniques, des abrivades par exemple, lorsqu’ ils chevauchent avec les taureaux au centre de leurs chevaux, c’est très fort !

On sait aussi d’après les traces que l’on a pu trouver, et que l’on peut voir au Musée du Roure à Avignon, qu’il y a eu une « abrivade » qui s’est passée à Gallargues, un petit village du côté de Montpellier. Ces 3 peuples s'y sont retrouvés pour vivre l’abrivade à cheval. Il y avait les gardians, les gitans et les indiens. Cette abrivade s’est appelée « l’Abrivade rouge », et c’est pour cela que l’on a appelé le spectacle « Camargue rouge ». C’est simplement une envie de reconnaissance de la culture de l’autre, et de son implication dans son acceptation.

Je crois que le message du spectacle, c’est cela. On est différent, c’est vrai, mais je ne reste pas sur ma culture, j’essaie de voir ce qu’il y a dans la tienne qui pourrait se recouper avec la mienne et ce que l’on pourrait en faire. C’est très moderne !

Cela me rappelle une phrase de Jacques Maritain qui me parle beaucoup : « Distinguer pour unir », car c'est en sachant qui l'on est, que l'on peut lui offrir nos richesses à autrui et s'enrichir des siennes.

cam_rouge_05Oui bien sûr, c’est certain !

Et puis il y a aussi l’implication par rapport à la Terre. Dans ce spectacle, on évoque aussi l’épopée Cathare, ce qu’il s’est passé par la suite en Camargue, il voulait faire un Parc Naturel. C’est l’implication par rapport à la sauvegarde de la Terre déjà, c’était il y a tout de même plus d’un siècle.

On évoque le fait que Buffalo Bill, il tuait les bisons, beaucoup de bisons ….. alors que les indiens, eux, demandaient au bison la possibilité de pouvoir l’abattre pour faire vivre la tribu. Ils abattaient un seul bison et pendant toute la saison il vivait sur ce bison. D’ailleurs, ils honoraient le bison pour avoir permis à la tribu de vivre. C’était tout de même une autre énergie.

Oui, je crois d'ailleurs que c'était une façon pour les américains d'humilier les indiens !cam_rouge_06

Ça je ne sais pas, certains américains peut-être ! Je n’ai pas de réponse non plus, je n’ai que des interrogations et des constatations.

Mais Buffalo Bill a tout de même proposé à des indiens de venir en Europe, je ne sais pas comment il les montrait dans son show, les respectait-il ? Je ne le sais pas.

A mon sens, il les respectait à sa manière, mais peut-être pas comme ils auraient mérité d’être présentés. Les grands chefs qui devaient arriver sur la piste devaient ressentir des choses très mitigées. Dans quel esprit ont-ils accepté de le faire ? Je pense que c’est dans un esprit visionnaire, puisque un siècle après on en parle ….

Et maintenant la tradition amérindienne est devenue au premier plan de toutes les tendances ésotériques, spirituelles, chamanistes, etc ….

Est-ce que ce n’est pas aussi grâce à cela !!!! Je ne sais pas ! Ce sont encore beaucoup d’interrogations ………

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Aimable retranscription de Michèle V.


12 octobre 2009

Nicole RIEU - Je chante donc je suis ! - 3ème partie

sc_neVous avez travaillé avec des artistes chrétiens comme Daniel Facérias ou Michaël Lonsdale. Quelles complicités avez-vous ?

J’ai une complicité qui n’est pas particulière avec ces gens-là ou avec d’autres artistes. Lorsque je travaille avec quelqu’un, je ne lui demande pas s’il est chrétien, athée ou hindouiste.

La Musique est en soi une porte tellement ouverte sur le monde, sur l’ouverture du cœur et de l’esprit.

En ce qui concerne Daniel Facérias, on s’est perdu de vue, je ne sais pas ce qu’il est devenu, lui non plus d’ailleurs !!! Quant à Michaël Lonsdale, je l’ai rencontré une fois au Festival d’Avignon. On est des humains, des gens de cœur, des gens de l’Être, des musiciens, des gens de scène, on fait des choses ensemble. Voilà !

Je ne choisis pas mes collaborations musicales en fonction de l’appartenance à telle ou telle caste, religion ou politique.

Comment s'est passé la réalisation du disque des chants de Noël ?noel

Ceci est une longue histoire. Il y a une dizaine d’années, j’avais proposé un spectacle de Noël avec des chants du monde, mais je n’ai jamais eu l’occasion de l’enregistrer.

En 2008, j’ai vraiment eu envie de faire cet album. J’ai retrouvé les partitions de ces chants et comme il m’en manquait quelques uns, j’ai rajouté « Nada te turbe » et « Tibie Paiom » qui sont des pièces classiques. Beaucoup de gens les connaissent, et moi j’aime les chanter. J’ai eu envie de les chanter avec une  chorale constituée uniquement de Nicole Rieu ; c’est à dire que j’ai fait toutes les voix, tous les registres. C’est un exercice que j’adore parce que c’est très excitant de pouvoir aller dans le très grave et dans le très aigu et de faire toutes les voix. Cela amène un son un peu particulier, car justement ce n’est pas une chorale,  ce ne sont que mes voix, il y a toujours le même son de voix mais avec mon amplitude vocale.

noel_02Cet enregistrement a été un plaisir total pour moi. J’ai évidemment repris « Noël, chant d’espoirs » que j’avais chanté avec la chorale de la Cathédrale de Chartres, il y a une vingtaine d’années. C'est une reprise de « Amazing Grace » sur laquelle j’avais écrit des paroles adaptées à Noël.  Et bien sûr « La Maison de sable », une merveilleuse chanson qui était sur mon 1er album.

Il y a également des chants de Noël tchèque, suédois, russe, ainsi que des chants argentins qui sont très beaux et que les argentins connaissent bien.

Cela m’a également permis de renouer avec un musicien que j’adore, Jean-Pierre Bluteau, avec qui j’ai travaillé pendant plus de 20 ans et qui a joué sur ce disque-là du charango, du tiplé et de la guitare bien sûr.

Il y a aussi 2 chansons sur lesquelles il y a un violoncelle, il y a du piano et de la flûte joués par Christian Belhomme, qui m’a accompagné lui aussi, pendant de nombreuses années.

L’enregistrement de cet album a été vraiment très festif et très vocal.

Dans « Noël, chants d'espoir », vous interprétez une chanson de Ste Thérèse d'Avila « Nada te turbe ». Avez-vous une intimité particulière avec la spiritualité du carmel ?_028

Non, le Carmel pour moi, c’est quelque chose de « costaud », ce n’est pas pour moi.

Elles sont là, elles existent, et tant mieux parce que le monde a besoin de prières et il ne faut pas compter juste sur nous, pour prier toute la journée. C’est une forme d’incarnation qui est très particulière et que je respecte totalement.

Très honnêtement, ce chant m’a été transmis par un de mes formateurs au cours d’une session de formation. J’ai trouvé cela tellement beau, l’arrangement est absolument magnifique, il n’y a pas de mot pour le définir, et quand on le chante on n’a pas envie que cela s’arrête….

Je suis une adoratrice du chant méditatif ; donc chanter une phrase assez courte avec des paroles qui élèvent, et le chanter, le chanter, le chanter des heures, c’est quelque chose de magnifique.

_029C’était Thérèse * qui disait je crois, « Chanter, c’est prier 2 fois » et j’abonde absolument dans ce sens-là. Quand on fait du chant méditatif, le mental se coupe tout de suite, c’est vraiment extraordinaire.

Je le développe largement dans les stages que je propose parce que c’est un outil formidable de l’instant présent et de reliance avec la Terre et avec le Ciel.

NDLR : * Il s'agit de St-Augustin qui a écrit très exactement : « Qui bien chante, deux fois prie ».

C’est l'expérience que l'on peut vivre à la communauté de Taizé, où l'on trouve par la beauté des chants, la dimension d'une spiritualité douce et pacifiante.

Oui, mais c’est seulement dans l’écoute, mais lorsque vous le pratiquez je vous assure que c’est fort. Je me suis dis d’ailleurs, qu’un jour il faudrait que je  fasse l’expérience, pas seule mais à plusieurs, mais il faut qu’un jour nous chantions pendant 8 heures d’affilée le même chant et voir ce qu’il se passe, ce que cela apporte. Je ne l’ai jamais fait aussi longtemps, mais cela doit vraiment amener, comme je le disais aussi des danses indiennes. La danse c’est puissant pour sortir du mental et de notre égo et permettre de sortir totalement du mental et c’est vraiment des expériences fort intéressantes à vivre.

Lorsque j’étais en formation de moniteur de colo, il m’est arrivé de vivre une expérience de ce genre, lors d'un atelier poésie.

La musique de Vivaldi était en boucle, et dans cette atmosphère de méditation redondante, on citait des mots, on récitait des poèmes, et en fin de compte on s’était totalement déconnecté. On ne s’en rendait pas compte et quand les autres sont arrivés, j’avais vraiment le sentiment d’avoir ingéré quelque chose, je n’étais pas moi-même, j’étais un peu cotonneux ….comme mes autres camarades.

Oui bien sûr, mais je pense qu’il est très important que le corps fonctionne lorsque l’on fait cela, parce que justement, on peut rester un peu trop avec nos racines célestes et oublier que l’on a des racines terrestres.

Lors de mes stages, quand je propose un chant à option méditative, je propose toujours un mouvement physique en même temps, pour garder la relation à la Terre. Mais il n’y a pas de danger à être cotonneux et à être dans une réalité spirituelle, simplement il ne faut pas y rester, parce que l’on est des humains, on est incarné et il faut revenir.

Les danses d'Israël, que j'ai eu l'occasion de faire, me semblent plus féconde et très spirituelle.

Oui, c’est vrai. J’ai pratiqué cela avec une personne qui donne des cours de danses sacrées et c’est particulièrement agréable.

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Aimable retranscription de Michèle V.


11 octobre 2009

Nicole RIEU - Je chante donc je suis ! - 4ème partie

Votre carrière d'artiste nous offre 15 albums, un DVD, 3 comédies musicales et des stages de chants. Vous composez vos chansons et il vous arrive parfois d'interpréter celles des autres. Vous chanter également en duo avec bon nombre de grands artistes.

En tant qu'artiste vous êtes auteur-compositeur-interprète et aussi réalisatrice.

Votre vie artistique est magnifique.

Quel regard portez-vous sur votre si belle carrière ?

Je n’ai pas vraiment de regard sur ma carrière, je vis au jour le jour. Aujourd’hui, je suis en pleine création d’un nouvel album qui s’appellera « Femmes » et ma carrière est une succession d’instants présents de bonheur. Non, je n’ai pas de regard sur ma carrière, je suis ce que je suis et je suis en perpétuelle mutation.

La théorie du Big-Bang, dit que le cosmos s’étend perpétuellement, et comme il s’agrandit, il se réordonne continuellement pour garder cet équilibre. Le parallèle peut se faire avec la façon dont l'humain vit et se réalise.

Et bien voilà, je suis moi aussi le Cosmos. Pour moi, ce qui est important c’est d’ouvrir et d’élargir le « chant » et le « champ » tout le temps, c’est de faire des rencontres, des collaborations avec des gens inattendus, et surtout ne pas rester dans un côté figé.

J’ai fait une formation certifiante de 3 ans qui m’a demandé énormément de travail, beaucoup de présence et de recherches dans ma mémoire d’écolière.

Cela me permet aujourd’hui d’animer des stages, d’aider des gens à aller à la rencontre d’eux-mêmes.

Dans « Camargue rouge », cela m’a aussi permis d’aller chercher d’autres voix dans ma voix, d’aller puiser dans les graves, dans les côtés un peu plus tendus, comme les voix tziganes.

J’ai aussi travaillé avec des gens très étonnants comme Tran Quang Hai qui propose le chant diphonique et les chants ethniques, j’ai travaillé avec Mélanie Jackson qui fait le QI Gong de la voix, j’ai également pratiqué le Yoga de la voix.

J’ai travaillé avec des tas de gens dans le but de l’ouverture, car j’ai dans l’idée que nous sommes des êtres illimités et que nos limitations mentales nous empêchent d’être ce que l’on est.

La vie, cela ne peut être qu’une ouverture à ce que fait l’autre, à ce que l’autre peut m’apporter. Et même si je déteste ce que fait ou propose l’autre, je suis persuadée que cela peut m’apporter quelque chose. C’est vraiment l’ouverture. Je m’étends comme le cosmos, mais je me réajuste aussi.

Comme je vous l’ai déjà dit, ma vérité d’aujourd’hui est différente de celle qu’elle sera demain et différente de celle qu’elle était hier.

L’équilibre n’est que dans le mouvement. Regardez, le funambule ne trouve son équilibre qu’en balançant tout le temps. L’équilibre ne peut pas être figé. Cela fait partie des rares choses dont je suis absolument sûre.

Le Carme, Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus décrit la Trinité comme un magnifique mouvement d’Amour entre le Père, le Fils et l’Esprit-Saint. Et la mystique Anne-Catherine Emmerich, dont Mel Gibson a utilisé les visions pour son film, dit que quand elle voit la Trinité, c’est magnifique de vie et d’explosion.

Et bien je l’espère, mais « Heureux ceux qui y croit sans l’avoir vue » !

Vous offrez à votre public les sonorités et les valeurs de bien des cultures du monde, particulièrement dans votre album « EN VOIX » :

  • Nomade : « … Et le cri d’un Touareg a chanté dans ma bouche... »

Celui des Peuls, des Tziganes, des Indiens, des Manouches m’a réveillé... »

  • Ils sont partis de la ville : « ...Ils ont rompu les frontières de la terre... »

  • Femme comme moi : « ...Petite fleur africaine, tu as dix ans à peine

Je te donne mon plaisir et mon ventre qui désire... »

  • Jusqu’au soleil « ...Qu’il soit arabe ou qu’elle soit juive, ça m’est égal. Mais qu’on ne soit pas sur la même rive ça me fait mal ….. Mais prends ma main s’il te semble qu’on est pareil ...»

  • Je veux qu’on s’aime « ...On n’a pas le même pays, la même musique, les mêmes envies. Pourtant ça revient au même, on a le cœur en porcelaine, j’veux qu’on s’aime... »

  • Voix-ci, voix-là  : une phrase en refrain sur les voix des rythmes arabes.

Pouvez-vous nous parler de l’universalité que vous portez dans votre cœur ?

L’universalité c’est mon rêve de vie. Pour moi on fait tous partie d’un mouvement qui nous fait bouger. Pour moi, l’universalité, c’est la conscience que l’on fait partie d’un « tout » et que chaque partie de ce « tout » est indépendante, bien sûr, mais aussi solidaire des autres.

C’est un Sage je crois qui disait quelque chose comme « Lorsqu’une aile de papillon bouge ici, on en ressent le mouvement de l’autre côté de la planète ». Ce sont toutes ces choses qui me rattachent et qui m’attachent à la vie, parce que la vie est mouvement, justement.

Je pense aussi que lorsque je donne quelque chose à quelqu’un, je vais recevoir quelque chose, mais pas forcément de ce quelqu’un, je vais peut-être le recevoir de quelqu’un d’autre, ce sera ce que l’on appelle « le rendu universel ». C’est ce que je crois.

L’essentiel, pour moi, est que dans nos veines nous avons quelque chose de rouge qui coule et qui bouge aussi, et que l’on soit africains, asiatiques, européens, nous sommes tous pareils ….. Quand on voit comment une maman porte son enfant, on voit bien que l’Amour maternel est le même, l’Amour entre les humains est le même, pour moi c’est une évidence.

Je ne suis pas une philosophe, j’écris des chansons, et écrire des chansons c’est dire en quelques mots le fond de sa pensée. Bien sûr, « J’veux qu’on s’aime », je serais capable de taper du pied et de crier « mais faites quelque chose, regardez autour de vous, réagissez et aimez-vous……. » Je sais que c’est de l’angélisme, je sais que c’est puéril, mais malgré tout, je suis comme cela, je suis très utopiste.

Non, je ne trouve pas que ce soit de l’angélisme !

Si tout de même un peu, car j’ai une tendance pathologique à ne pas vouloir voir ce qui n’est pas beau. Je suis myope et astigmate, ma vision est donc forcément déformée et je pense que déjà depuis ma toute petite enfance, je n’ai pas voulu voir le monde tel qu’il se présentait à moi.

Aujourd’hui le monde est malade. A 20 ans, je suis devenue végétarienne, j’écoutais Alain Bombard et René Dumont, les grands écolos de l’époque. On parlait déjà de la couche d’ozone dans les années 70 et même certainement avant. On s’aperçoit aujourd’hui que l’on est dedans, parce que personne n’a voulu prendre la planète en charge. La planète c’est notre chose, disent certains ! Et bien non, on est la chose de la planète. Pour moi c’est clair. Cela m’énerve énormément lorsque je vois des gens qui ne prennent pas soin de la planète et qui considèrent la planète comme une poubelle.

Ce qui m’énerve encore plus c’est la diffusion aujourd’hui d’une culpabilisation effrénée de l’individu. « Si la planète est malade, c’est de ta faute ». Et bien non !! Ce n’est pas de ta faute ! C‘est la faute des gouvernements, des pouvoirs, du monde industriel. Selon des statistiques, si même demain chacun faisait l’effort absolu pour dépenser moins en CO2, on n’arriverait même pas à faire bouger les choses, car cela ne vient pas de nous, mais des pays, des gouvernants, des industriels.

Je suis très en colère par rapport à ce que l’on veut nous faire croire, par rapport à ce que l’on nous dit, par rapport aux gouvernants, on est en train de nous emmener vers un monde gravissime et il y a très peu de gens qui sont éveillés et qui réagissent, malheureusement. La politique des sans-papiers est insupportable, cela me terrifie vraiment de penser que l’on banalise ces choses-là en les noyant dans une sombritude étonnante, c’est juste insupportable !

Les guerres m’insupportent, et aujourd’hui on pense que l’on vit dans un pays en paix, mais ce n’est pas vrai, c’est une guerre sordide à l’intérieur des gens, il faut être conscient de cela, il faut rester réveillé. Il faut écouter les grands intellectuels qui parlent encore, qui écrivent des bouquins, je pense par exemple à Albert Jacquard, et il faut vraiment faire attention à ce que disent ces gens-là.

Chacun à son ouverture possible. Dans le chemin de chacun il y a des rencontres avec des « Grandes Personnes » qui nous ouvrent des routes, des voies, mais malheureusement, encore une fois, je pense que les chances de chacun ne sont pas égales.

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Aimable retranscription de Michèle V.


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10 octobre 2009

Nicole RIEU - Je chante donc je suis ! - 5ème partie

Votre dernier disque « jardins » est principalement l’expression d’une femme chrétienne : « Celui qui vient », « elle tutoie le ciel », « Ave Maria », « Il est lui», « la croix du Sud » et « Unis sont » qui conjuguent vocalement les crédos des 3 religions abrahamiques. Quel est l’élan d’amour que vous voulez lancer à la face des gens ?

C’est vrai que le chant que j’ai appelé « Unis sont », qui utilise « Bismilla » et « Shema Israël » sont des chants qui disent la même chose. Parce que c’est cela qui m’a beaucoup troublée, car « Bismilla al ham doulilla » et  « Shema Israël Adonaï Elohinou » veulent dire la même chose, c’est-à-dire « Dieu est UN ».  Mais quel est le Dieu « qui est un » et  qui n’appartient qu’à telle ou telle religion ? Cela me trouble et cela fait aussi partie de mes colères.

J’ai ensuite écrit « Marie », parce que pour moi il y avait une sensibilité féminine, donc maternelle aussi.

Dès l’instant où il y a eu des dogmes, il y a eu séparation. Si on était resté sur un message d’amour il n’y aurait pas eu séparation, c’est évident. C’est un peu simpliste bien sûr, je ne suis pas philosophe loin de là et je serais incapable d’avoir une discussion avec un philosophe parce que je n’ai pas les arguments. Pour moi ce n’est que le ressenti.

Et je me suis dit que si l’on mêle ces 3 chants-là, cela donne forcément quelque chose de beau esthétiquement, et si c’est beau, c’est bien !

« Elle tutoie le ciel », c’était une chanson pour ma maman, et ma maman est forcément idéalisée parce que c’est ma maman et que je l’aime infiniment.

« Il est lui », c’est encore mon approche de Marie-Madeleine. Un jour je suis allée à la Sainte-Baume et c’est à ce moment-là que cette chanson m’est venue. C’était ce qu’aurait pu dire Marie-Madeleine à Jésus.

« Celui qui vient », c’est aussi l’approche de Jean-Baptiste, celui qui ouvre les portes, celui qui prépare, celui qui nettoie le chemin. Quand on a une part d’audience auprès de gens, on prépare des chemins aussi. Pour moi Jean-Baptiste, c’est celui qui préparait au Nouveau Testament, à l’Amour, au message d’Amour du Christ, c’est quand même quelqu’un de très important.

« La Croix du Sud », c’est un chant que j’ai écrit lorsque je suis allée dans le désert. C’est une constellation, pas n’importe quelle constellation puisque c’est celle qui montre la route aux nomades du désert. J’ai passé des heures à méditer, à regarder la Croix du Sud et à chanter pour elle… Peut-être pour qu’elle me guide vers mes objectifs, vers mon Sud !

Vous savez lorsque j’écris, je n’ai pas l’impression que c’est moi qui écrit. « Quand on est tout en bas on ne peut que renaître » et quand je l’ai écrite j’étais moi-même vraiment tout en bas et que c’est aussi pour moi que je l’ai écrite, donc je n’ai pu que renaître à moi-même et je suis toujours dans cette renaissance 20 ans après...

Quand je parlais tout à l’heure de ne pas s’endormir, je crois qu’être bousculé pour se réveiller, c’est très important, ne pas rester dans l’endormissement pré-mortem.

Est-ce que l’on peut dire que dans la Bible, dans la mesure où on la lit pour soi-même, et s’ouvrir les portes du cœur et de l’esprit, ce n’est pas un lieu privilégié ?

Je n’ai pas une grande connaissance de la Bible, je l’avoue. J’ai lu bien sûr le nouveau Testament et les Evangiles. Ma foi s’est construite avec des rencontres, des bouts de chemins, des fleurs, des cailloux, avec des choses de la nature ….. et comme je le disais précédemment, ma foi m’appartient…

Quand on découvre des choses on a envie de les faire partager aux autres, mais je n’ai pas envie de faire de prosélytisme. Je pense qu’il y a chez chacun d’entre nous une chose qui est visible, c’est la façon dont on vit.

J’ai eu la chance de voir Sœur Emmanuelle, j’ai aussi eu la chance de chanter pour Mère Térésa et de prier avec elle. Cela a été une rencontre très brève, mais extrêmement puissante. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’elle est, ce qu’elle a vécu, ce qu’elle a donné en exemple. J’ai envie de faire des choses avec ce que je propose, avec mes chansons. Quand on me dit à la fin de mes concerts « Pendant une heure et 1/2, tu m’as fait voyager, tu m’as fait rencontrer ce que je suis …. ». Pour moi c’est gagné, c’est tout ce que je recherche. « Je n’ai pas envie que tu fasses comme moi, que tu penses comme moi, que tu aies la même voix que moi, j’ai juste envie que cela te donne l’énergie d’aller au-delà de toi ».

C’est aussi ce que je recherche dans mes stages. Je propose des choses auxquelles je crois, qui sont issues des chants méditatifs, des mantras, des danses, de la culture du corps.

J’ai envie que les gens rentrent chez eux en ayant ressenti ce qu’est « se laisser chanter, se laisser porter, oublier le mental ».

Cela peut-être vu comme un lâcher-prise, un laisser-aller, une confiance en soi, confiance en Dieu. Peu m’importe, j’ai simplement envie que l’on ressente cela, comme une réalité corporelle et physique.

Comme s’est passé votre rencontre avec Mère Teresa ?

Je suis partie avec un groupe priant en Inde. Nous sommes allés dans des léproseries, dans des mouroirs, nous sommes aussi allés à Bénarès, sur les gaths qui sont les marches qui plongent dans le Gange et qui servent aux bains rituels; j’ai d’ailleurs pu accomplir le rituel moi-même. Il se trouve que lorsque nous sommes allés dans la Confrérie qui se trouvait là, Mère Térésa était là. Nous avons prié avec elle, et, à la fin du chapelet, j’ai chanté « Marie » bien sûr, et lorsque j’ai eu terminé, elle s’est levée et est venue m’embrasser. C’était très puissant évidemment.

Mais ce qui est encore plus fort pour moi, c’est d’avoir pris dans mes bras et embrassé des mourants et d’avoir pu chanter pour eux, dans un souffle, un murmure. Cela a été très impressionnant.

Il faut bien comprendre que j’étais, à ce moment-là, dans ma réalité difficile d’artiste. Ce voyage m’a été offert et j’avais une obligation de vivre ce voyage au maximum et je l’ai vraiment vécu en goûtant chaque instant.

Et lorsque j’ai pris dans mes bras cette femme, qui était mourante, que j’ai pu lui murmurer quelques mots et chanter pour elle et qu’elle a trouvé la force de lever les yeux sur moi, cela a bousculé toute ma vie. A partir de ce moment-là je n’ai plus eu d’états d’âme de « chanteuse non reconnue » par le show-business… C’était tellement beau, tellement fort !!

De plus, les lépreux sont vraiment à l’écart, personne n’a le droit de les toucher, ils sont dans un vrai ghetto. Et nous, nous sommes arrivés là, on leur a fait des câlins, on les a soignés avec nos mains.

C’était tellement émouvant et beau à la fois de faire tout cela avec ces gens-là qui sont mis au ban de la société. J’ai toujours pensé qu’il fallait que j’aille jusqu’en Inde pour vivre cela, mais on peut très bien le vivre chez nous, car il y a maintenant tellement de gens qui vivent au ban de la société parce qu’ils n’ont plus de reconnaissance sociale entre autres ….

Quand je suis revenue, il m’est apparue que je ne pourrais pas changer les grands malheurs de ce Monde, dans la bande de Gaza, en Tchétchénie, et tellement d’autres choses. Je ne peux rien, parce que je suis Nicole et que j’habite en Ardèche. Mais en Ardèche où ailleurs en France je peux agir, je peux faire des choses et je ne m’en prive pas.

La tendresse est une des belles expressions artistiques que l’on vous connait. Dans « Le lion s’endort », vous chantez :

« TON CŒUR D’HOMME

ME TOUCHE BIEN PLUS ENCORE

QUAND LE LION S’ENDORT »

Le cantique de la Sagesse de la Bible, est une prière pour demander la sagesse. Elle commence par « Dieu de mes pères et Seigneur de Tendresse, par ta parole tu fis l’univers». La tendresse de Dieu semble donc être supérieure à la sagesse. Qu’en pensez-vous ?

 

La Tendresse serait-elle plus importante que la Sagesse ?

Pour moi, la tendresse c’est primordiale ; la tendresse des mots, la tendresse de l’acte, la tendresse des chants, la tendresse du regard, la tendresse du geste…

La tendresse me paraît primordiale dans le rapport Homme-Femme. Là encore je n’ai pas la solution, je sais juste que la tendresse est absolument essentielle.

C’est vrai que lorsque j’ai écrit cette chanson, je ressentais tellement de tendresse inexprimée chez les hommes ; pourquoi y a-t-il toujours ce côté « non, on ne fait pas un geste, non on ne s’embrasse pas », parce qu’un homme ne doit pas faire cela !!…

J’ai l’impression qu’il y a un mouvement de « plus de douceur dans l’Homme », mais j’ai peur que tout cela reparte un peu dans l’autre sens, avec ces montées de violence extrême, parce qu’ils ne sont pas écoutés, pas suffisamment aimés. Encore que, si les hommes sont reconnus en tant qu’humains, ils n’auront peut-être plus envie de tant de violences.

Il y a tellement de tendresse dans ce monde ; une fleur qui s’éveille, un papillon qui sort de son cocon, une feuille qui bruisse, un chat qui cherche votre main pour une caresse, la brise qui vous caresse le visage, c’est d’une beauté, d’une tendresse infinie. Il faut avoir vu cela, il faut avoir pris le temps de le regarder.

Un jour, j’étais sur une place bétonnée, assise sur un banc et il y avait des arbres dont un tout petit arbre autour duquel il y avait un tout petit trou de terre. C’était très impressionnant de voir ce petit morceau de terre au milieu de ce grand espace de béton. Quelle force de vie ! Il y a des tas d’exemples comme celui-ci, regardez les nénuphars qui poussent dans les eaux glauques …

En vous écoutant on pourrait penser à  une nouvelle parabole « Heureux les contemplatifs ».

C’est vrai, je peux passer de longs moments à regarder la montagne, à regarder une herbe, une fleur, à prendre conscience de ma respiration. Je m’accorde le plaisir de le faire.

Prendre conscience de sa respiration, c’est extraordinaire. L’invitation à respirer, c’est ce que je fais dans mes stages. « J’inspire quoi quand j’inspire », et « qui s’en est servi »  et bien toute l’humanité depuis des siècles et des siècles. Quand on prend conscience de cela, c’est incroyable !!!!

On est tout petit, mais on se sent immense en même temps …

J’ai lu un jour que si tout le vide que l’on a dans nos cellules disparaissait, un être humain ne serait même pas visible. Nous sommes faits de vide. Ne serait-ce pas cela Dieu ? Je ne sais pas, je me pose la question…

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Aimable retranscription de Michèle V.


9 octobre 2009

Nicole RIEU - Je chante donc je suis ! - 6ème partie

Vous proposez des stages « Je chante donc je suis », en série de week-end ou de 8 jours. C’est un besoin ‘chevillé au cœur’ de transmettre cette magnifique maxime ?

 

en_voixBien sûr parce que c’est pour faire référence à la chanson et pour faire référence à Descartes aussi. Pour lui c’était « penser », pour moi c’est « chanter », activer la partie droite du cerveau, c’est-à-dire le cerveau intuitif, le cerveau de la tendresse.

C’est aussi le titre du Mémoire que j’ai écrit, où j’exposais le fait que le chant qui est formidable permettait une plus grande conscience de soi, une plus grande conscience de son Être.

J’avais envie depuis quelques années déjà de transmettre mon enthousiasme à chanter, à faire partager le don que j’ai reçu, mais je ne savais pas sous quelle forme. J’avais déjà fait des essais avec des femmes en grande difficulté, des femmes victimes de violences. J’ai travaillé avec elles pendant plusieurs années et j’ai vu ce que cela avait pu produire et générer chez ces femmes, de révélateur avec leur prise de conscience et de confiance en elles.

J’avais envie d’avoir des outils. C’est pour cela que j’ai fait une formation de Psycho-Phonologie.

La Psycho-Phonologie

c’est un lien entre nos fêlures et l’expression vocale. Par la voix, on peut révéler ce qui nous a détruits et construits aussi bien sûr, et on peut l’améliorer par un travail psycho-vocal.

Dans les stages, je mêle ma partie artistique, créative et scénique avec la partie relation d’être par la voix, puisque à la fin des stages je propose un concert public. Beaucoup de ceux qui au début du stage disaient : « Je n’ai pas de voix, je coince dans l’aigu, etc » se retrouvent en fin de stage, au bout de 5 jours seulement, en train de chanter, et de chanter juste devant un public. Chanter juste, c’est chanter avec son âme, avec son ressenti. Quand on se laisse porter par son ressenti, il n’y a plus de fausses notes, on est ajusté avec soi.sourire

C’est une très belle expérience que vivent les gens qui me font confiance.

Il est arrivé plusieurs fois que des gens me disent : « Non, le concert moi je ne le fais pas, ou alors je me mets derrière ». Eh bien, le jour du concert, ces gens-là sont devant les autres. Et le public est bouleversé. Parce que ce n’est pas un travail technique de chorale ; ce serait vraiment très prétentieux de vouloir mettre au point et harmoniser 6 chansons en 5 jours de travail. C’est autre chose, cela touche ce que l’on ne peut pas toucher, ce que l’on ne peut toucher qu’avec son ressenti.

Cela fait envie ……. Donc là, vous dites que c’est à partir de la voix que l’on peut voir les blocages des gens ?

Oui, à partir de la voix et à partir de l’écoute aussi, parce qu’il y a un outil que nous utilisons dans cette formation. C’est le test d’écoute de Tomatis. Dans l’écoute osseuse, c’est-à-dire l’écoute intérieure, dans les graphismes, on voit aussi là où il y a eu des choses qui ont été cassées, bousculées.

Chaque fréquence que l’on fait écouter aux gens représente aussi des parties du corps. Et avec cet outil-là on gagne du temps car on peut déceler certains blocages qui vont immédiatement « parler » à la personne.

J’utilise beaucoup l’écoute, parce qu’on ne s’écoute pas dans notre société. On entend mais on ne s’écoute pas.

La voix révèle tout : vous n’avez pas la même voix, le matin, le midi ou le soir. Tout cela est très lié. Dans l’écoute, lorsqu’il y a une partie du corps qui est abîmée, cela se voit, cela s’entend ; quand on n’arrive pas à monter dans les aigus par exemple, c’est aussi révélateur d’un blocage.

Je travaille aussi beaucoup sur le ressenti. Je ne reste pas sur une impression. J’ai vu une personne très handicapée qui est venue dans les stages, et lorsque j’ai proposé une improvisation sur une chanson, elle s’est révélée totalement. Alors qu’elle avait une voix très chevrotante et pas du tout affirmée, d’un seul coup sa voix est devenue incroyablement assurée. C’était incroyable !

Cela passe parfois par beaucoup d’émotions, des larmes, des cris et le groupe est là et fait bloc pour soutenir cette personne qui souffre. Toute émotion est bienvenue. Et c’est là où l’on voit la grande force du groupe, car le groupe est porteur. Lorsque la personne est au centre de ce cercle et que le groupe chante pour elle toute seule, l’émotion est intense, je vous assure. Intense pour la personne qui se retrouve au milieu du cercle et qui est obligée à cet instant-là de s’écouter. Bien souvent il s’agit d’une personne qui n’a pas l’habitude que l’on s’occupe d’elle et d’un seul coup il y a 15 personnes qui ne chantent que pour elle, c’est extrêmement fort et réparateur. C’est intense pour elle et intense aussi pour toutes ces personnes qui lui insufflent de l’Amour et du réconfort.

On ne s’écoute pas dans notre société. C’est pourtant très important.

Avez-vous assisté aux Vêpres de la Résurrection de la Communauté des Béatitudes, où on peut avoir l’occasion d’entendre le chant en langues ?

Non, j’en ai entendu parler mais je ne l’ai jamais vécu.

Le chant en langues, c’est le babillement de l’enfant, on se laisse aller comme dans les mains du Père. On est en groupe ou on est seule.  On est dans la confiance. C’est très beau !

 

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Aimable retranscription de Michèle V.

8 octobre 2009

Nicole Rieu - Je chante donc je suis ! 7ème partie

J’ai vu une icône de Marie dans le monastère St Georges, dans les gorges du Wadi Kelt en Israël, où la Vierge avait la peau très mate, le visage assez rond et très charnelle, et je me suis dit « Enfin je te trouve et je te retrouve »

Je crois que chacun se fait sa propre image, l’image qui lui convient. Je n’en ai pas d’image absolue. Elle est juste comme on a envie de la voir et si elle nous aide, tant mieux. Elle est en moi, tout le temps.

As-tu envie de faire une chanson pour Jésus, comme tu l’as fait pour Marie ?

« Il est lui » en est une !  Mais je me sens beaucoup plus proche de Marie que de Jésus, c’est vrai. Il y a encore un côté de lui que je n’ai pas découvert, un côté joyeux peut-être, car la Foi c’est aussi et surtout la Joie …..

C’est d’ailleurs le Père André-Marie qui m’a fait prendre conscience de cela. Ses sculptures de croix sont magnifiques ! Les mains de Jésus ne sont pas clouées à la Croix comme on le voit toujours, mais elles sont au contraire ouvertes et tendues vers le ciel dans une parfaite joie de la résurrection. 

J’ai envie de trouver « l’Homme » en Dieu. J’ai envie de le voir, faire la fête avec ses amis par exemple. Il y a ce côté « dur » qui m’a été donné par mon éducation catholique et qui perdure peut-être un peu trop.

C’est sans doute pour cela que je me suis tournée vers Marie.

J’aime bien dans l’Ecriture que cela soit signifié, induit, mais je n’aime pas les « Jésus, je t’aime », cela manque de poésie. La poésie, elle est dans le ressenti. Quand je chante « La terre chante » ou « Je suis », je parle d’autre chose mais il y a forcément quelque chose qui ressort dans chacun des textes. Et puis je n’ai pas envie de sélectionner mon public, j’ai envie d’avoir un public large et pas seulement un public qui « croit ». C’est très ambitieux certainement, mais je pense que chacun porte en lui quelque chose de beau et de sincère quelles que soient ses croyances (ou ses non-croyances d’ailleurs). Mes croyances, je ne les expose pas, elles font partie de mon intimité.

Il n’y a pas « Le Chemin », il y a autant de chemins que de personnes !

Pour moi  Marie, c’est la référence de la féminité, de la tendresse.

J’ai beaucoup aimé le livre de Marek Halter sur Marie, car il l’incarne vraiment comme j’avais envie de la voir incarnée. Il parle d’une Femme dynamique, révoltée et émancipée. C’est très étonnant et si loin de l’image chrétienne que l’on a de Marie. J’aime beaucoup cette image et j’adhère totalement à cette vision.

Que pouvez-vous nous dire de votre vie de femme en terre d’Ariège ?

Ma vie de femme, c’est avant tout la Terre, la Planète.

« Terre d’Ariège », c’est le titre d’une de mes chansons et c’est vrai que lorsque j’arrive dans la petite vallée où réside ma famille, je me sens bien. J’aime les paysages, les gens, j’aime l’air, j’aime l’eau, la nature préservée enfin, j’aime tout !

J’ai beaucoup de souvenirs là-bas bien sûr ! J’aime le côté un peu « état brut de l’Ariège », mais il y a bien d’autres endroits qui ont pour moi la même vibration et qui me procurent de fortes sensations.

Tout est question d’ouverture de cœur. Mon combat est avant tout un combat universel et non régionaliste pour la protection de la nature et de la planète.

L’Ariège, c’est la Terre de mon Père et de mes ancêtres, c’est tout !

6 octobre 2009

Le Père André-Marie de Croixrault, moine, éducateur, poète, potier et amoureux !

03Parmi les textes bibliques de sagesse, où notre cœur et notre esprit, puisent une sainte inspiration, se trouvent le "Livre de la Sagesse" et "Siracide" (encore appelé "Ben Sirac le Sage" ou "l'Ecclésiastique", selon les traductions). Mais d'où vient la Sagesse ?

La prière pour la demander - Sg9 nous dit où elle se trouve :"Donnes-moi la sagesse assise près de Toi !"

Le Père André-Marie, moine, éducateur, écrivain, poète, potier est emprunt de la sagesse de Dieu. Il accueille depuis quarante ans, les plus paumés dans la "Demeure" à Croixrault (80). On peut penser qu'il connaît particulièrement le poids de la vie dans ses joies et ses peines. Est-ce pour cela que chacune de ses paroles, dans la pertinence de son choix, a un sens fort et oriente vers Dieu ? Ainsi, nous conduit-il vers Dieu, lui-même, vers Dieu en nous, par ce regard intérieur qu'il stimule, et vers les autres qui sont nos frères et sœurs en humanité.

L'expression d'une telle sagesse n'est pas donnée à tous, et celle du Père André-Marie rappelle l'intention spirituelle de ceux qui ont écrit les livres de la sagesse de la Bible : une transformation de l'intérieur.

Les mains d'Abba nous façonnent et ses paroles nous pénètrent. Les mains et les lèvres de Dieu nous créées à un aujourd'hui de la Bonne Nouvelle, émanant d'un cœur brûlant, passionné et miséricordieux.

La poterie qui vient d'être façonnée est un objet beau mais fragile. Ne faut-il pas passer des mains d'Abba, à son cœur bien-aimant, pour devenir consistant et utile...pour devenir l'exceptionnel et le tous les jours, pour Lui et pour nos frères et sœurs ?


Père André-Marie, on peut lire sur ton site ces quelques lignes de présentation :

« Prêtre, moine, potier, sculpteur, conférencier, écrivain, peintre, André-Marie multiplie ses activités pour lutter contre la misère : "Si nous avions plus de vie intérieure, le trop plein de notre tendresse changerait le monde...’’ »

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Au travers de toutes ces parties de toi que tu fais fleurir pour ton prochain André-Marie, tu te fais yeux, lèvres, bouche, cœur, tendresse, main, comme Jésus, d’une façon ou d’une autre pour toucher, de façon aimante nos parties infirmes…

Un chrétien ne doit-y pas être comestible de la sorte ?

C’est pas facile de se laisse bouffer par les autres, mais ça fait 40 ans qu’à la Demeure, je le vis ; et dans cette maison j’ai hébergé plus de 30 000 paumés ou de gens en difficultés. J’ai eu le bonheur de rencontrer à travers eux le visage de Jésus Miséricorde. Parce qu’il n’y a que dans la misère que l’on peut rencontrer l’un des vrais visages de Jésus. 06

C’est tellement vrai que dans l’évangile, Il s'identifie aux plus pauvres : « Tout ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites ».

Et quel bonheur je vais avoir de me retrouver à Madagascar dans quelques temps, vraiment avec les plus pauvres dans les prisons et les léproseries ; et surtout chez le Père Pédro, pour voir et recevoir ce que notre humanité a de plus beau : des sourires, de la joie, des partages, de la bienveillance, de la bonté…

Là-bas, les enfants ne sont pas tristes. Là-bas les enfants ne pleurent pas. Là-bas les enfants n’ont qu’un rêve c’est d’aller à l’école pour pouvoir s’en sortir et même souvent, ils ne veulent plus de vacances. Et là-bas, dès qu’ils rentrent de l’école ils se mettent à travailler avec papa et maman pour les aider à subvenir aux besoins de la maison. Voilà qu’ils peuvent aider les parents.

Ca n’est plus comme ça ici chez nous. Je vais à Madagascar pour me réconcilier avec mon humanité, parce qu’ici ce n’est pas toujours drôle.

C’est beau cette importance d’un réseau d’humanité. On n’est soi-même que par la mixité des ethnies, des races, des peuples…

07Oui, c’est vrai, c’est cette mixité qui est pour nous un partage. S’il n’y avait que des riches, que des grands, ou des petits on serait toujours aux mêmes niveaux les uns par rapports aux autres. Et j’ai découvert que c’est souvent les pauvres qui viennent réveiller en nous ce qu’il y a de meilleur, parce qu’on a tous envie de donner ou de partager.

Ce matin j’entendais à la radio que lorsque l’on voit un malheureux dans la rue il faut aussitôt faire un numéro d’appel d’urgence. Mais non ! C’est pas un fonctionnaire au bout du fil qui va répondre à ton besoin urgent d’aimer, c’est toi qui va y répondre tout de suite dans l’instant. Et après tu peux faire appel à des organes officiels, mais il faut d’abord se mouiller soi-même, il faut d’abord faire quelque chose tout de suite dans l’instant.

Maintenant !

Main Tenant !

Au sein de notre société matérialiste, le passage nécessaire de l’avoir à l’être, n’est-il pas une violence vitale que l’on doit s’infliger à soi-même, pour être touché en réalité, par le cœur du message de l'Évangile ?

On s’aperçoit bien avec les problèmes qu’il y a à l’heure actuelle, comme ceux de la bourse, que ce n’est pas09 le matériel qui va nous faire avancer. Au contraire, c’est lorsque l’on a tout perdu, qu’on a tout gagné. Il m’est arrivé combien de fois dans ma vie de redémarrer complètement à zéro. Plusieurs fois. Des dizaines de fois. Quand on est venu mettre le feu à la première Demeure que j’avais mis 15 ans à restaurer, où j’avais fais 800 tonnes de torchis. Et bien le quart d’heure d’après, je rêvais déjà d’une nouvelle maison, plus grande, que je construirais moi-même. Comme je n’avais pas d’argent, ce sont des pierres de récupération dont je me suis servis, des vieilles traverses de chemin de fer que j’ai sculpté. Et c’est la raison pour laquelle la maison est si belle. C’est parce que quand tu récupères une vieille pierre sur un chemin, elle a tout un passé d’existence et voilà que j’ai cherché à la rendre plus belle encore, en la mettant dans un mur à l’endroit où elle était belle d’elle-même. Pas de ce que j’y avais mis moi-même. Quand on construit un mur et Dieu sait si toute ma vie j’ai construit, j’ai bâti, la plus petite pierre est aussi importante que la plus grosse. Retires une petite pierre au bas du mur et il va s’écrouler. Retires en une grosse, il va s’écrouler aussi. Chacun à sa place !

Et j’ai découvert aussi que travailler ensemble, se fatiguer ensemble, rêver ensemble, c’est un bonheur extraordinaire. C’est Camus, je crois qui disait : « Mettez des ennemies au pied d’un mur, quand le mur sera construit ils seront devenus amis. Et on construit le mur de la liberté, de la tendresse, de la bonté, de la bienveillance.

A travers toutes les fois où tu as reconstruit toutes tes maisons, est-ce qu’on ne peut pas penser que c’est le symbole de l’humanité. Que tu as reconstruits les cœurs des gens que tu as rencontré ?

01Je dis cela d’une autre façon lorsque je suis à mon tour de potier. L’argile a absolument besoin d’être malaxé, pour pouvoir être bien souple et être façonné. Et une bonne argile bien malaxé en une minute prend la forme d’une cruche ou d’un pichet. Et je crois que notre humanité est en train d’être malaxé par les évènements et même par la violence. Malaxer la terre c’est la violenter, c’est l’écraser et la faire reprendre forme. Et bien notre humanité est en train d’être malaxée je l’espère pour pouvoir être plus souple à l’appel qui est de rendre l’homme heureux. Et cela ne peut pas se faire sans des périodes obscures ou des périodes de souffrances ou des périodes d’ombres. D’ailleurs dans l’un des livres que j’ai écrit : « Apprivoise ta souffrance », j’essaye de dire que la souffrance je ne l’ai jamais recherché mais que quand elle était là, je me suis dis que c’était là une occasion d’évoluer. Je ne connais pas beaucoup d’occasions d’évoluer autres que celles où l’on est dans des moments pénibles. Ca nous donne envie d’aller voir ailleurs et ailleurs c’est au dedans de nous, c’est dans le secret de son cœur.

Dans une émission que je faisais à Radio Notre-Dame intitulée : « Sors de ton labyrinthe », j’ai essayé d’expliquer qu’il ne faut pas essayer de sortir du labyrinthe ; il faut rentrer au cœur du cœur du labyrinthe. Là on trouve le cœur de Dieu. On trouve La Présence !

Il y a quelques minutes, lors d’un coup de téléphone qui nous a interrompu, tu disais que les gens cherche une solution en dehors d’eux.

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Oui, dans bien des cas, les gens pensent que c’est quelqu’un d’autre qui va leur apporter la solution. On peut simplement cheminer avec eux, leur donner la main, leur parler de nos propres expériences et des solutions qu’on a pu trouver dans la vie.

Et leur donner envie.

En Vie… d’aller descendre là où il y a le secret de Dieu, à l’intérieur d’eux-même.

J’aime beaucoup parler de la porosité de Dieu. Dieu se laisse transparent au bien comme au mal. Et quand dans une de mes poteries qui n’a été cuite qu’à basse température, j’ai une argile poreuse. Si je met à l’intérieur de cette poterie de l’eau ramassée dans le ruisseau, de l’eau polluée, elle va s’écouler à travers la poterie et va sortir claire. A l’intérieur la poterie garde la laideur et la mal, garde les saletés qu’il pourrait y avoir dans l’eau.

Et bien Dieu se laisse transparent, entièrement à tout ce qu’il y a dans le monde et quand il se redonne c’est de l’eau bien claire qui sort. Il a gardé le mal à l’intérieur de lui. Il l’a annulé. Il l’a purifié, il l’a pardonné.

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J’aime beaucoup jouer sur les mots et un Don c’est aussi un Par-Don c’est aussi un Aban-Don. Et quand on s’abandonne, même à la souffrance, quand on accepte de lâcher prise, on est à l’écoute de l’Esprit-Saint. Parce que c’est cette énergie qui est en nous et elle est grande. Elle est quotidienne. Elle est humble.

J’aime beaucoup ce passage de la messe : « Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

L’agneau c’est le plus petit du troupeau, le dernier né, le plus faible et le plus fragile. Et il est plus fort que Monsieur Georges Bush. C’est lui qui va sauver le monde.

Qu’as-tu à dire aux lectrices et lecteurs de La Bonne Nouvelle pour éveiller en eux cet appel à la Tendresse ?

Artisanat_au_1er__tageLa Bonne Nouvelle ce n’est pas quand on a éliminé les mauvaises nouvelles. Car lorsque l’on lit la Bible, l’histoire du peuple de Dieu, c’est remplie de guerres, de violences, de viols et de drames. Et au travers de tout cela, il y a une Bonne Nouvelle qui passe c’est que l’homme est aimé de Dieu. Et ce qu’on doit faire, ce qu’on doit dire, l’attitude qu’on doit avoir ça doit être cette envie que les autres nous voyant vivre et nous entendant parler, devinent qu’il y a quelqu’un derrière nous. Qu’il y a une énergie d’amour qui nous pousse. La seule chose qu’on puisse faire pour les autres c’est qu’ils se posent question en nous voyant vivre. Parce que la réponse ils ne la trouveront qu’en eux. Ce n’est pas nous qui pouvons la leur donner.

Dieu est sans « Pourquoi ? ». Celui qui même dans des prières de demande, se sert comme d’une chandelle pour chercher quelque chose qu’il a perdu et lorsqu’il l’a trouvé et bien il rejette la chandelle. Dieu n’est pas une chandelle, mais celui qui nous permet de trouver. De trouver quoi ? De trouver soi-même en Dieu. Il est la chandelle et aussi l’objet qu’on a perdu. Et quand on le retrouve c’est l’émerveillement réciproque de lui et de moi. S’imaginer pouvoir émerveiller Dieu !

Dieu est sans « Pourquoi ? »…peux-tu nous expliquer cette perle ?84

Ce qui existe, existe pour le simple plaisir d’exister. C’est le père Teilhard de Chardin qui disait : « Tout ce qui existe a conscience d’exister ». Un arbre a une conscience végétale d’exister, une pierre a une conscience minérale d’exister, un animal a conscience d’exister. Y-a-t-il beaucoup d’homme qui ont la liberté et qui se servent de cette liberté pour avoir conscience d’exister. Être des existants…être des créatures reliées à un Créateur et reliées de façon tellement intime que Jésus nous dit : « Voici que je viens à ta porte et je frappe ». Et si tu m’ouvres j’entrerais chez toi. Pour souper, Moi près de toi… et Lui près de moi. on est invité à un repas en tête à tête avec le Seigneur. Comme des amoureux. Un repas à la chandelle. C’est pas beau ça ?

Et personnellement, par son nom. Dans la culture musulmane, Roumi écrivait dans une de ses poésies.

Moine___ColombesJe suis allé frapper à la porte de ma bien-aimée, et elle m’a répondu : « Qui est là ? ». J’ai dit : « C’est moi ». « Vas, je ne te connais pas. ».

Et après avoir erré pendant des semaines et des mois dans le désert, je suis revenu frapper à la porte de ma bien-aimée, qui a dit : « Qui est là ? ». J’ai répondu : « C’est toi ! ». Alors elle m’a ouvert.

Quand le moi et le toi se confondent, quand on conjugue ensemble le moi et le toi, quand on tutoye Dieu, on découvre l’amour qui sait être présence. Et cette phrase extraordinaire que dit Jésus qui devrait bouleverser le monde : « Le royaume de Dieu est au dedans de toi ». Pauvres députés français de la communauté européenne qui se sont battus pendant des semaines pour que le nom de Dieu ne soit pas inscrit dans la constitution. Mais il est inscrit au cœur du cœur de chaque cellule de leur corps et ils ne le savent pas. Ce sont vraiment les plus malheureux des hommes, parce qu’ils ne connaissent pas le bonheur qu’il y a en eux. Ils sont des perles et ils croient qu’ils sont justes bon pour les pourceaux.

Daniel Ange disait que les presbytères devraient accueillir des étudiants pour partager la vie des prêtres et dynamiser leur vie de chrétien. Quels sont les lieux, les pépinières de tendresse que tu aimerais voir fleurir en France ?livre_01

J’ai pris l’habitude de ne pas aller voir ailleurs ce qui se passe, mais plutôt de regarder chez moi ce qui se passe. Et je voudrais dire aux gens qui ont envie d’être des pépinières pour des jeunes pousses, d’avoir beaucoup, beaucoup de courage. Parce que pas grand monde ne va les encourager à être ce qu’ils sont et à pouvoir réaliser leurs rêves. Parce qu‘on est dans un monde où il faut toujours entrer dans une institution, où il faut que l’étiquette corresponde au tiroir. Mais je ne sais pas ce que la vie va me demander de faire demain. Je ne sais même pas ce que la vie va me demander de faire dans une heure. Il faut tout simplement être ouvert, être accueillant et à ce moment là, toutes les occasions de vie peuvent être des occasions de grandir et donner aux autres envie de grandir.

Je pense à ce titre d’un journal qui traine sur mon bureau : « L’homme qui voulait le bonheur des autres ». C’est vrai que depuis 40 ans, je veux le bonheur des autres et j’essaye de leur donner. Et j’ai pu le donner chez moi à des milliers de gens.

Et là-bas quand je vais à Madagascar, en Inde ou en Haïti, il y aussi des milliers de gens. Je me suis retrouvé dans une prison où 700 gars sont en train de crever de faim. Je mesure de pouvoir leur donner à manger. D’abord le bonheur d’aller décharger le pousse-pousse où il y aura 100 kilos de viande, 200 kilos de riz, des pommes de terres, des bananes et du pain. De le décharger, d’assister à la cuisson de tout cela. Et pour leur donner à manger, ça m’impressionne tellement qu’il m’est arrivé de me mettre à genoux pour les servir comme si je leur donnais le corps du Christ. Et là c’est vraiment un bonheur énorme, un bonheur immense, dont eux savent nous remercier par le bonheur qu’il y a dans leurs yeux. Mais on ne peut pas imaginer à quel point la pauvreté dans le monde, cette misère crasse devient quelque chose d’épouvantable.

livre_02C’est l’Abbé Pierre qui faisait remarquer que là-bas à Madagascar, partout dès que l’on quitte la capitale, les rues qui sont sales, un bruit infernal, des cris, un air irrespirable. Brusquement on arrive chez les plus pauvres des pauvres, dans un village du Père Pédro sur le dépotoir et là il règne un silence…Tout est propre, dans les rues pavées, avec des pavés taillés à la main par les gens, il n’y a jamais un papier qui traine. Il n’y a jamais une feuille morte. Elles sont ramassées. On voit des oiseaux et des enfants qui jouent. Quand on voit les enfants sortir de l’école, ils sont silencieux et souriants, avec un cahier sous le bras. Chez le Père Pédro, ils ont chacun un ou deux crayon, alors qu’il y a des écoles à Madagascar où il y a un crayon pour 4 élèves. Quel bonheur pour ses enfants de rentrer à la maison. Oui, le bonheur ça existe, je l’ai vu.

C’est l’Abbé Pierre qui disait : « Le Père Pédro d’un enfer en a fait un paradis ». Quand on assiste à la messe chez le Père Pédro et qu’on voit des 3000 enfants de 3, 4, 5, 6, 8, 10 ans, être là, 3h entières subjugués par la Parole de Dieu, qu’ils chantent, qu’ils dansent. Ils écoutent le Père qui leur parle. Quand je vois le Père Pédro après avoir lu l'Évangile, le brandir et aller danser dans la foule en disant : « Acclamons la Parole de Dieu ! », ce n’est pas comme dans nos églises, il y a 6000 personnes qui l’acclament de toute la force et de leur voix.

Le bonheur est possible, la Bonne Nouvelle existe et c’est la même là-bas et ici, même si on ne la vit pas de la même façon.

Tous les mois tu animes une émission sur Radio Notre Dame, comment cela se passe-t-il ?

logoC’est sous forme d’interview, on me laisse choisir un thème et la plupart du temps ce thème c’est l’un de mes livres. Comme j’en ai écrit plus de 50, j’ai le temps de voir venir, et donc il m’arrive de lire quelques passages de ces livres, et surtout de répondre aux questions qui me sont posées par mes auditeurs et également par Chantal Bailly qui m'interviewe. Le prochain thème de cette conférence se sera : « Simplement aujourd’hui ». J’en ai un exemplaire devant moi et je l’ouvre au hasard, je tombe sur la date du 1er mai : « Si tu as des devoirs vis à vis des déshérités du corps, combien plus en as tu vis à vis des déshérités de l’âme. Seul l’amour que tu portes, même dans le silence, pourra atteindre leur soif, même inconsciente et les conduire à découvrir l’étincelle prête à les enflammer.

Et j’ai ainsi pour les 365 jours de l’année, écrit un petit texte, comme cela me venait à l’esprit le jour où je l’écrivais. Je tourne les pages et j’arrive au 21 juin : « Prends le temps aujourd’hui, regarde les rythmes de la nature : les abeilles et leur ruches, les oiseaux et leur migration. Partout tu découvriras une intelligence collective, l’intelligence cosmique du nous. Dans la sagesse d’un paysage découvres le Pays-Sage qui au fond de toi ose être amoureux d’un caillou, avant que d’être un homme. Paysage / Pays Sage, les mots disent les réalités. J’aime beaucoup jouer avec les mots. Par exemple désespoir, je l’ai écrit Des Espoirs. Pourquoi on écrit ça en un seul mot ?

Je ne suis pas surpris que tu aimes travailler avec les mots, car tu es potier et que tu fais des émaux. Tu travailles donc avec l’émaux !

Ah oui, tiens, je n’y avais jamais pensé à celle là !livre_03

Est-ce que l’on peut dire que La Demeure, c’est une Arche de Noé de la Tendresse ?

Et bien si c’est vraiment une arche de Noé de la Tendresse, ça m’amuse beaucoup, parce que Noé avait enfermé un couple de chaque bestiole dans son arche. Et les couples c’est fait pour faire des petits. Or j’espère que la Tendresse ici fait des petits et c’est aussi très contagieux.

Il fût une époque où dans le monde il y avait une vingtaine de maisons qui s'appelaient la Demeure, comme la maison que j’anime. C’était des gens qui étaient venu vivre ici quelque chose et qui ont éprouvé le besoin d’aller semer ça là-bas au loin. Et celles qui ont réussis, ce n’est pas celles qui ont essayé de m’imiter, c’est plutôt quand les gens sont resté eux-même, après avoir découvert ici une étincelle qui les a enflammé, qui les a animé. Il ne faut jamais imiter quelque chose, il faut vraiment être soi-m’aime.

Je discutait avant l’interview avec Monique qui t’assiste avec son mari. Elle me disait que la Demeure c’était aussi le carrefour de l’humanité. En reprenant un peu cette phrase de l’Abbé où il y a le meilleur de l’homme et le pire. Donc vivre à la Demeure, c’est choisir une vie de labeur ?

livre_04Et bien si on essaye de définir d’après la Bible, l’amour de Dieu, c’est un amour de Miséricorde. Et dans miséricorde il y a d’abord le mot misère. Et Dieu sait si dans cette maison on en a héberger de toutes les causes, de toutes les races, de toutes les cultures…

Quand on héberge un étranger sans papiers, on est condamné à 1700€ d’amende et 5 ans de prison. Moi je suis condamné à vivre 900ans. Et bien ce sont eux qui m’offrent cette survie d‘amour.

Et je viens de vivre quelque chose d’assez étonnant. Lorsque je suis arrivé il y a 40 ans à Croixrault, c’était pour fonder la communauté des frères handicapés qui se trouve tout près de chez moi avec le Père Guy-Louis. Il vient de décédé à l’âge de 97ans. Les bruits ont couru que le père de Croixrault était mort, et beaucoup de gens ont cru que c’était moi. Alors je reçois des lettres de condoléances. Vous ne pouvez pas savoir comme je suis un brave homme. Il y a notamment cette petite carte que je garde sur mon bureau : « Nous souhaitons au Père au paradis, tout le bonheur qu’il aura distribué sur la terre ». Quel bon programme et c’est ce programme là qui m’attends, et je m’en réjouis. Maintenant il peut m’arriver n’importe quoi, je suis rassuré.

Tu as ton fan club ?

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Oui, c’est ça ! Mais quand on voit les adresses de la Demeure et qu’il faut faire le courrier au moment de Noël pour présenter nos vœux, cela fait plus de 2400 lettres. Alors c’est aussi une responsabilité et c’est 2400 personnes ou couples qui ont découvert quelque chose et qui m’ont apporté quelque chose, et qui ont continué quelque chose.

Il y a aussi tous les gens qui font des dons pour le 1/3 monde, au Père Pédro, pour subvenir aux plus grandes misères. Le bonheur que j’ai la nuit, je suis obligé de me lever à 2h du matin pour faire mon travail, c’est le bonheur de remercier les gens. J’ai l’impression d’entrer dans la générosité de Dieu. J’en éprouve un bonheur énorme, un plaisir presque sensuel de remercier les gens. De dire : « Vous êtes bon de la bonté de Dieu. Ça vous rend beau de sa beauté ».

L’origine de tes livres provient du fait que tu veilles la nuit. Que tu es ainsi, un cœur qui veille et qui est en harmonie avec ceux qui sont beaux de la beauté de Dieu ?

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Ca a commencé par le petit livre du petit moine qui ne dors pas la nuit. Je prenais conscience que j’avais la chance d’être éveillé alors que tous les autres n’existaient pas du fait qu’ils dormaient. Ils étaient là, allongé à droite et à gauche et moi j’étais debout. Je me suis dit, parce que je souffrais d’insomnie, que si mon corps ne m’accordait pas de sommeil, c’est qu’il n’en n’avait plus besoin. Et moi je lui ai accordé du repos. Le vrai repos pour l’être humain c’est d’aimer, c’est de rêver, c’est d’aller plus loin que lui-même. Et puis de prier pour tous ces gens qui n’ont même pas conscience que Dieu existe, et qui sont là à dormir comme des marmottes. Et moi je suis éveillé pour eux. Je fais des heures supplémentaires. Et puis la nuit il n’y a pas de règlements, il n’y a plus de rituels pour atteindre le spirituel. Là on est à un autre niveau. On est au cœur de Dieu. Et la nuit c’est souvent un moment idéal. C’est un moment pour la liberté de penser, on n’a plus de compte à personne qu’à sa conscience. Et je passe des moments merveilleux la nuit, en face de moi-même.

Il n’y a pas de tendresse sans miséricorde. Peut-on penser que ce sont les 2 ventricules du cœur aimant de Dieu ?12

Cela me fait penser à l’une des Béatitudes, qui a été traduite par André Chouraqui. « Bienheureux les miséricordieux » est traduit par « bienheureux les matricielles ». Ceux qui reçoivent la misère des autres dans leur ventre comme une maman pour mettre au monde. C’est féminin la miséricorde et la tendresse aussi. Il faut la mettre au monde. Il faut se mettre au monde à travers ses propres sentiments de bonté et de miséricorde. On ne peut pas prononcer le mot tendresse sans avoir un visage émerveillé. Tout comme quand on prononce le mot ‘grimace’, on est grimaçant. Quand on dit le mot ‘paix’ on aspire à la paix. Les mots portent la musique du message qu’ils ont en eux. Et j’aime beaucoup rêver les mots. C’est comme ça que j’ai écrit un livre : « Le dictionnaire amoureux des mots ». Quand ont m’interviewais à Radio Notre Dame on me disait : « Mais comment amoureux ? ». Et je réponds qu’un homme qui n’est pas amoureux ce n’est pas un homme. Un moine qui n’est pas amoureux ce n’est pas un moine. Un célibataire qui n’est pas amoureux ce n’est pas un célibataire. Et un vieux qui n’est pas amoureux…alors lui, c’est un pauvre vieux.

133C’est rajeunir de jouer avec les mots comme un enfant. J’ai un jour eu cet émerveillement, de voir un petit, devant un rayon de soleil qui passait par le trou de la serrure, qui jouait avec. Et je voyais ses mains s’éclairer par le halo lumineux, puis brusquement la lumière disparaissait et quand il réintroduisait ses mains dans le rayon lumineux, c’était beau. Cet enfant était émerveillé jusqu’au moment où il a mis les mains derrière le dos, il s’est penché et c’est son visage qui a été éclairé par le faisceau lumineux. Ca c’est une histoire que l’on ne peut pas inventer, il faut en avoir été témoin. En voyant cela, ça m’a tellement émerveillé que je me disais : « Ca doit être ça la vie ! ». Chercher ce halo lumineux qu’est la lumière de Dieu. Elle est en nous, elle vient d’ailleurs et elle sors de nous. On est comme un miroir qui reflète. On n’est pas lumière nous même, mais on reflète la lumière de Dieu.

Tu es un potier donc un homme qui façonne. Est-ce que l’on peut faire une comparaison entre les mains et les lèvres et dire que les lèvres de Dieu ont façonné le monde créé en 7 jours, au même titre qu’il façonne l’homme avec ses mains ?

Lorsque l’on prend les textes de la création, Dieu a pris un morceau d’argile qu’il a façonné et il souffla à l’intérieur le souffle divin. Ce sont ses mains d’abord et son souffle et ses lèvres. J’ai écrit récemment pour Noël un conte que j’aime beaucoup. C’est l’histoire de cette vieille mamie qui se regarde dans le mirroir et elle s’aperçoit qu’elle a le visage tout ridé. Elle se souvient du temps où elle était petite fille et jouait à rider son visage pour voir comment elle allait être quand elle allait être vieille. Alors là, elle s’est approché du miroir et elle a déridé son visage. Elle a regardé ses yeux qui depuis son enfance étaient transparent à la lumière. Elle a regardé ses lèvres et elles n’avaient pas pris de rides avec le temps. Et elles étaient jeunes de tous les mots d’amour qu’elle avait prononcé. Alors elle s’est penché vers le miroir et les yeux dans les yeux, les lèvres contre ses propres lèvres, elle a osé se prononcer pour la 1ère fois de la vie, à elle même : « Je t’aime !».

L’image du vitrail a parfois été utilisée pour décrire le chrétien, mais en fin de compte ce vitrail n’est-ce pas toute personne, qui est un frère ou une sœur en humanité ? Comment être vitrail ? Pas un vitrail qui se regarde sur lui-même au risque de se craqueler mais un vitrail qui projette ses couleurs pour les donner à ses proches quelqu’ils soient. En étant ces morceaux de verres qui sont couleurs dans la vie des autres, j’aime à penser à cette phrase d’une chanson de Yannick Noah : « Redonnes à la vie toutes ses couleurs ». N’y a-t-il pas une dimension artistique dans la façon d’aimer ?

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Quand on me demande de définir par quelques mots mon activité à ‘La Demeure’ depuis de longues années je réponds : « Faire du beau pour faire du bien ! ». D’ailleurs en grec callos et cagatos étymologie de beau et bien sont synonymes. On ne sait pas si à la création du monde, il faut traduire par « Et Dieu vit que cela était beau » ou « Et Dieu vit que cela était bon ». Mais si c’est bon c’est certainement beau. Il n’y a pas de bonté qui soit laide. Et pouvoir faire du beau dans sa vie, avoir des relations agréables avec les autres pour recréer Dieu, pour lui faire sa récréation, pour qu’il s’amuse d’être avec les hommes. Alors souvent il doit bien s’ennuyer sur notre terre, et être bien triste. Il n’est pas transparent à lui.

Vitrail ce sont des tâches de couleurs qui ne sont belles que lorsque la lumière passe au travers. C’est une absolue nécessité. On peut c’est vrai avec toutes les facettes qu’à un visage d’homme, ressembler à un miroir. Il ne peut attirer que si la lumière de Dieu passe au travers et à ce moment là, on ne dit pas le vitrail est beau mais la lumière est belle. Et c’est à la lumière qu’on s’arrête. Chaque fois que je fais des vitraux dans une église, je n’ai pas cherché à faire de beaux vitraux qu’on admire, j’ai cherché à créer dans la pièce une ambiance de recueillement et rarement on a dit les vitraux sont beaux, mais les gens disent : « Ah qu’est-ce qu’on est bien dans ce lieu là »…un lieu de recueillement.

Tu as pour amie Nicole Rieu qui a eu en 1975 l’Eurovision avec la chanson ‘Et bonjour à toi l’artiste’. A chaque messe tu passes l’une de ses chansons…

Notemment le chant ‘Marie’ qui est tellement beau. Je n’ai jamais vu qui que ce soit dans la chapelle où je célèbre qui soit franc-maçon, qui soit croyant, qui soit protestant, qui soit catholique, hindou, musulman, ne pas vibrer en entendant ce chant de Marie. Et ça a été une découverte pour moi. Son dernier disque s’intitule : « Être et c’est tout ». Quand on prend conscience de ça, le royaume de Dieu est au dedans de toi. C’est tout ce que Dieu nous demande. Il y a des messages d’amour d’une simplicité qui sont bouleversants. Elle est prêtre dans la chanson. Elle est prophète quand elle chante : « Qui réveillera les anges qui dorment en nous ». On a un monde d’anges qui dansent à l’intérieur de nous. On ne leur laisse ni la parole ni la possibilité de bouger, alors on ne bouge plus non plus. Mais ça ferait des soubresauts si on les laissait vivre. Si on leur faisait confiance. D’ailleurs traditionnellement, on apprenait au catéchisme qu’on avait un ange gardien, mais on a un troupeau d’anges gardiens ! Ils sont tout prêt à nous rendre les services qu’on veut, mais on les oublie, on les laisse dans leur coin.

Qui réveilleras les anges qui dorment en nous ?

La dimension artistique que l’on a au cœur de soi-même est peut-être celle de faire vibrer harmonieusement comme des cordes, les dons de l’Esprit-Saint. André-Marie, cela passe aussi pour toi par de nombreuses amitiés avec des artistes.

Quel est le rapport par exemple que tu as avec Nicole Rieu, que tu as l’opportunité de connaitre ?

On se regarde les yeux dans les yeux et on se dit merci, on se dit qu’on s’aime bien. Puis je l’écoute, et je parle d’elle et elle parle de moi. Mais c’est beaucoup plus serein et mystérieux et spirituel que ça. Être et c’est tout. Combien je suis heureux à chaque célébration de voir brusquement le visage de personnes s’apaiser en écoutant ses chants. Quand je lui ai demandé si je pouvais me servir de ses chansons, quand je passe à la radio, elle m’a répondu : « André-Marie, je ne te le permets pas, je te supplie de le faire. J’ai aussi beaucoup d’autres amis artistes comme ça, et notamment Jean-Pierre Bonsirvin qui a vécu ici 4 ans et qui chante des chansons extraordinaire, et puis bien d’autres comme Jean-Claude Gianadda qui est un ami très cher.


Pour te retrouver sur le web : www.pereandremarie.com


6 octobre 2009

Le Père Pédro de Madagascar : un bâtisseur de l'Amour !

P_re_P_dro_01Mme Danielle Mitterrand, Le Prince Albert de Monaco, Eric Cantona, Yannick Noah, le Commandant Cousteau…sont parmi les personnalités illustres que nous connaissons qui ont sont allé à Akamasoa. Ce village de Madagascar, a été réalisé en 1989 par l’esprit de révolte du Père Pédro face à la misère de personnes qui vivaient dans des bidonvilles.portrait

Amies lectrices et amis lecteurs, ne sommes-nous pas des personnes qui en dehors des spectacles de qui nous apportent joie et gaiété, réagissont au spectacle de la vie. Les évènements récents nous font vibrer : le décès de Sœur Emmanuelle et l’élection de Barrack Obama. Désir d’une aide de proximité pour l’une, décision politique d’envergure pour la paix et les droits de l’homme pour l’autre.

Les choix de nos contemporains sont importants.

Et nous ? Et toi public ?

Faire rire et sourire, émouvoir par son sens artistique et son talent est une joie autant pour l’artiste que pour le public. Les artistes de Sosyland en sont de brillants exemples. Rendons hommage à un homme artiste de l’amour, artiste de tous les jours, qui apporte aussi sa pierre à l’édifice de l’humanité, à sa façon…le Père Pédro OPEKA.

06Vous avez rencontré Danielle Mittérand, qu’a-t-elle fait pour vous aider à Madagascar ?

A l’époque, quand François Mittérand était Président de la France, elle nous a beaucoup aidé. Elle a équipé tout un hôpital de l’Etat : les appareils dont les appareils dentaires, les médicaments. Elle a complètement mis à neuf cet hôpital.

Puis, tout au début, lorsque nous avons commencé à Akamasoa près de Tananarive, elle nous a rendu visite à 2 reprises. Sa présence a été pour nous très importante car à l’époque nous étions dans une situation politiquement très difficile car il était dit qu’il n’y avait pas de pauvres, alors que les pauvres ont les voyaient partout, et bien le fait de sa présence c’était pour nous appuyer et c’était une aide que j’ai toujours apprécié. Elle apportait aussi une aide financière aussi. On s’est toujours très bien entendu. Quand on travaille pour les plus pauvres on va au delà de la foi et de la religion. Quand on veut faire du bien au plus pauvre, le bien c’est la justice qui est le plus important.

Est-ce vous avez gardé des contacts avec elle ?19

Oui, j’en ai gardé longtemps, mais ça fait déjà quelques années que je n’ai pas eu l’occasion de la revoir. Par contre il y a deux ou trois ans j’ai revu Gilbert Mitterand qui est maire de Libourne, qui m’a très bien reçu chez lui aussi. C’est le temps et les engagements qui ne nous ont pas permis de nous voir davantage, mais je garde un souvenir extraordinnaire.

Est-ce que d’autres femmes ou hommes politiques vous ont apporté leur soutien ?

Oui, le Prince Albert de Monaco qui est venu 2 fois à Akamasoa. Sa présence était très importante et le reste jusqu’à maintenant. Le Prince Albert a beaucoup fait pour l’éducation d’ Akamasoa, avec la construction des écoles et même à l’intérieur de Madagascar, là où nous intervenons.

L’aide de Monaco continue toujours aujourd’hui et j’espère qu’elle continuera longtemps.

Le Commandant Cousteau également, qui nous a visité tout au début. Il était très impressionné par ce qu’il a vu. Surtout par la joie ! Par la joie qu’il a vu dans nos villages et sur le visage des enfants. « Avec toute cette joie, pour moi il y a quelque chose qui est vrai » a dit le Commandant Cousteau.

03La joie ça ne se créé pas, ni se demande, on l’a ou on ne l’a pas.

Après, il y a eu aussi un joueur important qui a joué dans l’équipe de France, Eric Cantona. Il est venu nous voir et qui a été très ému en voyant ces milliers d’enfants qui chantent à tue-tête. Pourtant un joueur qui jouait devant 100 000 personnes et voilà qu’il était plus impressionné devant des milliers d’enfants, que dans un stade de football.

Cela veut dire que à ce moment là, que c’est l’homme. L’homme qui a un cœur, qui a une âme qui se réveille là.

Nous avons eu aussi le plaisir d’accueillir des ambassadeurs, des sénateurs et des gens de bonnes volontés d’un peu partout.

J’ai appris que Yannick Noah avait fait un concert à Tananarive et l’on m’a rapporté qu’il avait été à Akamasoa. On lui a certainement parlé de moi et peut-être m’a-t-il cherché, mais je n’étais pas là.

Que pourriez-vous dire aux français de ce que vous avez sur le cœur et de l’aide dont vous avez besoin ?04

Je dis aux européens et aux français en particuliers qu’il faut continuer à aider les anciennes terres où la France était présente. Je pense qu’il y a une devoir moral de continuer à aider ce pays de la façon la plus juste possible. Sans s’immiscer, sans donner de consignes ni d’ordres. Chaque pays est libre, indépendant et souverain. La souveraineté dans le sens où le pays défend la dignité de son peuple.

Lorsque je pense que la France vit 120 fois un niveau de vie supérieur à Madagascar. 120 fois ! Si l’on traduit cela avec l’image que vous ayez 120 couvertures et moi j’en ai une seule, est-ce que vous n’êtes pas prêt à en partager une ou deux, et il vous en restera toujours 118, n’est-ce pas ? C’est cette différence qui est un scandale, ce manque d’égalité dans les relations commerciales dans le monde et des états entre eux. Comment ne pas parler d’une différence de 120 fois, sans dire que c’est un scandale. Il y a une marge entre 1 à 10, encore 1 à 20 et au delà c’est un scandale qu’il faut par tous les moyens diminuer si nous voulons une terre plus fraternelle, plus de justice et plus de paix, il faut que nous allions tous dans ce sens là ! Bien-sûr ça ne se décrète pas par une loi. Cette solidarité, ce sens du partage, c’est un état d’esprit. Cela se créer dans la personne humaine et cela s’éduque. Où cela ? Dans les écoles d’abord, mais aussi partout où il y a des gens qui se rassemblent. Mais nous devons tendre à supprimer ces inégalités, c’est un devoir humain que nous avons aujourd’hui. Pour les citoyens du monde d’aujourd’hui qui veulent s’ouvrir, nous avons devoir de réduire les inégalités, pas dans un pays seulement, mais dans le monde entier.

repasAvez-vous un besoin de première nécessité que le président de la République, Monsieur Nicolas Sarkosy pourrait soulager ?

Nous avons toujours besoin d’aide, le jour où les gens qui ont des moyens nous connaitrons plus, ce sera eux qui viendront vers nous. Et ce seront eux qui nous diront : « Voulez-vous accepter notre aide ? ». Ce sont des gens de cœur, qui ont le sens de la justice, qui ont le sens de la dignité, qui ont le sens du partage et qui voient ce que nous avons réalisé en seulement 19ans. Je pense que ce seront eux qui viendront vers nous. Qui nous proposerons une aide. Nous sommes une association humanitaire qui avons tous les jours les portes et les fenêtres ouvertes. Alors les gens entrent de partout. Nous avons toujours des besoins, mais les gens qui savent comment nous travaillons et la quantité de milliers de personnes qui passent pendant une année à Akamasoa. En 2007, je pense qu’il a eu 25 000 personnes qui sont passées à Akamasoa. Et tous sont repartis avec un bol de riz, avec un habit, avec un outil de travail, avec une couverture, avec des ustensiles de cuisine, avec une marmite et tout cela coûte de l’argent. Alors 25 000 personnes que nous recevons dans une année plus les 17 000 personnes que nous avons chez nous continuellement, ce sont des sommes importantes. 17Les gens qui ont du bon sens viendront nous proposer une aide, viendraient nous donner de l’argent. Pour nous aider vraiment, cela se fait avec beaucoup de discrétion et avec beaucoup d’humilité, parce que le travail que nous avons fait à Akamasoa, ce n’est pas l’argent qui l’a fait, c’est un état d’esprit, c’est une passion pour l’homme, c’est une passion pour la justice, une passion pour la dignité de tout être humain sur terre. C’est une passion qui n’a pas d’heure ni de limite en fait, sauf la santé et la fatigue.07

Tous ceux qui luttent dans ce sens là, qu’ils viennent nous tendre la main avec discrétion, avec humilité. Parce qu’on ne peut pas aller vers les plus pauvres avec beaucoup de prétention et d’orgueil, on ne peut pas. Ce n’est pas une aide. Et les pauvres le voient. Les pauvres sentent quand quelqu’un les aide avec respect et humilité. Ils le sentent, alors ils n’ont pas peur. Quand cette confiance s’installe alors tout est possible.

Regardez comment on est en train de se casser la figure dans cette crise financière. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a plus de confiance. Même lorsqu’il y a de l’argent, et dans ce cas, il y en a beaucoup, mais il n’y a pas la quantité extraordinnaire qu’ils souhaitent avoir. Alors la confiance n’est plus là.

Et nous avons créé cette ambiance de confiance, là où nous travaillons. A partir de là, tout est possible ! Bien-sûr avec des hauts et des bas. Le paradis sur terre n’existe pas, mais un semblant de paradis ça peu exister. Enfin, je veux dire quelque chose qui s’approche de ce paradis, où l’homme n’est pas un loup pour l’homme. Où l’homme n’est pas un adversaire pour l’homme, où l’homme n’est pas un concurrent qu’il faut nécessairement écarter, qu’il faut vaincre, qu’il faut piétiner, qu’il faut supprimer.

Mais que ce soit un frère.

orduresJ’avais dit quand je suis devenu prêtre que tout homme est mon frère. Après 33ans de prêtrise, j’y crois toujours, j’y tiens toujours à cette phrase, bien que je sens que c’est difficile de le vivre. C’était beaucoup plus facile quand j’étais jeune et quand je connaissais moins les problèmes de la vie. Je connaissais moins la méchanceté des gens, la mesquinerie, l’égoïsme. Même avec tous ce que j’ai subi en 33 ans de prêtrise, je signe toujours cette phrase : « Tout homme est mon frère », mais avec plus de douleur, plus de souffrance. Mais je la signe toujours !


Le site du Père Pedro - Akamasoa - action et solidarité : www.perepedro.com

Le Père Pédro est l’auteur de 6 ouvrages : http://www.perepedro.com/fr/biblio.htmllogo_p_re_p_dro


logo_madactionUn grand merci pour le crédit photos à Sœur Martine, qui réalise  une sensibilisation aux actions du Père Pedro par les voyages initiatiques de coopération de ses volontaires à Madagascar tous les deux ans :

Le site : www.madaction.net

Le blog : http://madaction.skyrock.com/


Un homme de conviction qui apporte un soutien efficace auprès du Père Pédro : Père André-Marie "La Demeure" 80290 Croixrault - « Faire du beau pour faire du bien ! » :

http://www.chryswahkpaly.com/Sites_New_2008/Pere_Andre_Marie/Pages_P_A_Marie/Pere_Pedro.htm


AMLeFaiseurDespoir_210

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