Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
POUR UNE CIVILISATION DE L'AMOUR
14 octobre 2009

Nicole RIEU - Je chante donc je suis ! - 1ère partie

FcbkNicole Rieu, quel a été le parcours artistique qui vous a amené à l'Eurovision ?

Je suis une chanteuse depuis ma petite enfance. J’ai toujours chanté, j’ai toujours aimé chanter. Avant l’Eurovision, il y a eu une chanson qui s’appelle « Je suis » et qui m’a propulsée dans le côté médiatique. C’était en 74, et l’année suivante, j’ai été proposée pour représenter la France à l’Eurovision, parce que vous savez comment c’est dans le métier de la chanson, lorsqu’il y a un jeune chanteur qui arrive, tout le monde s’en empare. J’avais le vent vraiment dans le dos à ce moment-là. Et donc cela m’a permis de faire l’Eurovision. Voilà, c’est tout simple !

Comment avez-vous vécu votre interprétation et cette victoire musicale ?

Au départ, j’étais tellement loin de cet aspect de la chanson, parce que j’étais auteur-compositeur. « Je suis », c’est arrivé vraiment comme ça ….. Ce n’est pas moi qui l’ai écrite !

La chanson de l’Eurovision, je l’avais déjà enregistrée, c’était « Bonjour à toi l’artiste » C’était une00 chanson qui correspondait à ce que j’avais envie de dire, mais elle n’était pas de moi, et lorsque l’on m’a dit « Est-ce que tu veux bien la proposer à l’Eurovision ? », j’ai dit « je veux bien » en pensant « de toute façon elle ne sera pas prise ». Ce n’était pas du tout l’image d’une chanson de l’Eurovision. A l’époque, c’était en 75 – au milieu des années 70 - c’était plutôt des chansons « Poum poum tralala » ……

J’y suis allée en me disant « de toute façon, je m’en fous, ce n’est pas mon histoire » et puis finalement je me suis fait piéger par le côté concours. J’ai eu un trac abominable, je l’ai vraiment très très mal vécu sur le coup parce j’ai eu l’impression de chanter vraiment mal, de ne pas arriver à gérer mon stress, mon trac.

Et à la fin de la prestation, vous savez quand on voit les artistes qui attendent dans une pièce, et que l’on entend « eight points », et bien moi je n’y étais pas. J’étais repartie avec Jean Musy, qui était mon arrangeur et pianiste. Nous étions tous les deux. Je me suis fait consoler, parce que je trouvais que c’était nul, j’étais vraiment dans une dépression post-prestation. D’ailleurs, j’ai revu Jean Musy il n’y a pas très longtemps, et on l’a évoqué à nouveau en rigolant bien. On était vraiment loin du monde de l’Eurovision.

L’Eurovision c’est bien, oui, la preuve puisque plus de 30 ans après il y a quelqu’un qui m’en parle, qui fait une interview sur moi et qui me parle de çà en premier, donc oui c’est bien. Si ça marque quand même une carrière, l’Eurovision ça n’est quand même pas un label de qualité, il faut dire ce qui est !

Je ne dirais pas ça, vous nous avez apporté une œuvre de poésie. Je l’ai écoutée avec énormément d’attention. Je voyais en vous vraiment une femme qui nous offre de la poésie et qui le fait avec grand bonheur, avec perfection. Une perfection dans la mesure où c’est une belle œuvre et cela touche les cœurs.

I_amAh mais oui, je suis d’accord avec vous. Après j’ai développé ce côté-là, bien sûr. Mais le concours de l’Eurovision, je peux vous dire qu’après, à la fin des années 70, début des années 80, il y avait 2 métiers dans le métier. Il y avait les chanteurs de variétés qui passaient chez Guy Lux, et puis ceux qui passaient chez Chancel. Eh bien moi je passais chez Guy Lux, mais je ne passais jamais chez Chancel.

Vous voyez, c’est très caractéristique. Je n’ai pas forcément fait ce qu’il fallait. Ma responsabilité est énorme. C’est vrai que je ne sais pas me vendre, je ne sais pas m’entourer. Moi je m’entoure de gens qui me conviennent sur le plan affectif. Je ne cherche pas forcément ce qui est bon pour ma carrière ……

Mais, c’est vrai que lorsqu’il y a eu après, comme il peut y avoir aujourd’hui, un courant de nouvelles chansons ; - je vous rappelle qui étaient les nouveaux chanteurs à l’époque, c’était Catherine Lara, Cabrel, Sheller, Marie-Paule Belle, Balavoine et tant d’autres - ; et bien ceux-là sont restés dans le côté artistique et moi je suis restée dans le côté commercial. Et pour moi cela a été vraiment très difficile de relever la barre, très très difficile.

Mais c’est très bien. Au cours de l’interview, vous le ressentirez et je le redirai certainement encore, je n’ai aucun regret, toutes les marches qui ont fait que je suis aujourd’hui là où je suis, et bien elles sont importantes, justement dans la construction de mon être. Donc, c’est très très bien. Tout ce qui s’est passé, c’est bien. Voilà !

Vous avez l'audace de chanter à capella, prouesse unique, je crois dans la chanson française, en interprétant "La goutte d'eau". On a le sentiment de s'envoler, que vous suspendez le temps, et de partager une dimension artistique forte. Que ressentiez-vous ?goutte_d_eau

Ne le dites pas au passé, parce que je la chante toujours, je la chante avec délectation, et je la chante toujours a capella. Ce que les gens reçoivent, ça leur appartient. Moi quand je la chante, j’ai toujours l’impression de la chanter pour la première fois, c’est comme « je suis », ce sont vraiment des chansons qui ont une dimension qui me dépasse.

Cette chanson « la goutte d’eau », quand je l’ai enregistrée, je cherchais depuis quelques années une mélodie qui pouvait accepter d’être chantée a capella. Au départ je voulais un accompagnement de chœurs d’hommes. Lorsque j’ai entendu cette mélodie, qui est un traditionnel irlandais qui s’appelle « The Foggy Dew »,  je me suis dit « c’est vraiment ça que je vais faire ». Après c’est Jannick TOP qui a écrit l’arrangement de chœurs d’hommes. C’est un arrangement vraiment extraordinaire.

bonjourAprès, le texte a été écrit, j’étais présente mais je n’ai pas écrit un mot. C’est Simon MONCEAU qui a écrit les paroles. On préparait un album et on écrivait vraiment ensemble. Sur cette chanson-là je n’ai rien écrit. J’étais là et ça a été quand même mon impulsion qui était là. Vous savez, il m’est arrivé plein de fois, et notamment, je me souviens la première fois que cela m’est arrivé, lorsque je chantais cette chanson-là; il y avait un écho qui me revenait et j’avais l’impression que je me la chantais : « La route que l’on m’avait creusée ….. J’avais trop envie d’être écoutée ». Elle a été écrite pour moi cette chanson. D’un seul coup je me suis dit, « cette chanson je l’ai écrite pour moi », même si je ne l’ai pas écrite, mais elle est pour moi, elle a été écrite pour moi.

Et ça n’a pas d’importance, je ne suis pas une goutte mouton, je ne rentre pas dans le moule, j’existe vraiment quoi et peu importe si j’évite les sentiers battus, si j’évite ce qui serait confortable, ma vie c’est pas ça, la vie c’est pas ça. Voilà ce que je ressens.

Mais vous savez, ce que je ressens aussi, si je peux aller plus loin, c’est aussi une façon d’être solidaire à tous les combats minoritaires d’existence.

C’est l’intensité de cette goutte d’eau ?

Oui, à une époque, elle avait été prise par un mouvement minoritaire de femmes, à la fin des années 70 ou début 80, et c’est vrai que je me suis dit que cette chanson peut vraiment servir de bannière à ceux qui se sentent petits, qui ne se sentent pas écoutés. On va se mettre ensemble, on va essayer d’acquérir ce que les autres ont, c’est-à-dire la liberté peut-être.

Oui, c’est pour sortir de l’Avoir à l’Être

Pour moi oui, bien sûr, je ne peux pas prendre le parti de tous les petits mouvements minoritaires, parce que d’abord, il y en a que j’exècre. Il est évident que si le FN me demandait la chanson je dirais non avec force et avec grande volonté.

Bien entendu, ce sont MES combats minoritaires.

En 1976, vous publiez l'album "Le ciel c'est ici". Que vouliez-vous dire à l'époque ? Êtes-vous toujours d'accord aujourd'hui ?

Qu’est-ce que je voulais dire à l’époque ? Eh bien je vais vous dire, je n’en sais rien ! On m’avait apporté la chanson, cela me plaisait, c’était plus le balancement de la musique qui m’intéressait. En y réfléchissant un peu plus, j’ai toujours cultivé l’instant présent. Pour moi le bonheur il ne peut être que dans le présent, dans l’acceptation du présent et dans la réalisation du présent. Vous savez à cette époque je ne m’interrogeais pas plus que ça sur le sens de ce que je chantais. Enfin vous comprenez ce que je veux dire ….. J’étais quand même dans une énergie qui n’est absolument pas la même que celle d’aujourd’hui. Voilà, on peut le penser comme ça.

C’est une porte ouverte pour certains à une vie après...

Oui, comme c’est une chanson qui n’a pas eu un grand écho, c’était le titre de l’album c’est vrai. Cela se terminait comme une chanson de comédie musicale « Le ciel c’est ici, c’est ici …. »

Bon ça dépend, effectivement, maintenant que vous en parlez, quel est le sens que l’on donne au ciel ! Le ciel spirituel ? Pour moi, dans cette vie incarnée, je considère quand même que l’essentiel « l’essence du ciel », c’est vraiment d’être présent à soi.

Oui, c’est très beau. Je retrouve les jolis mots que j’ai entendus en discutant avec le Père André Marie. C’est vrai, c’est très porteur de sens.

L'affiche "Sahel Vivant – Concerto pour le rêve", me fait penser à cette parabole de Jésus à propos du grain de sénevé qui devient une fois planté en terre, un arbre accueillant les oiseaux du ciel. Pouvez-vous nous parler de votre foi en Jésus, puis de votre vocation de chanteuse ?sahel

Bon, alors ma foi en Jésus, elle m’appartient, voilà. J'ai une foi qui est très personnelle, qui ne rentre pas dans des schémas comme je vous le disais tout à l’heure par rapport à la chanson « La goutte d’eau ».

J’ai foi. J’ai foi en l’humain, j’ai foi en l’au-delà, j’ai foi en des choses que l’on ne voit pas et que l’on peut ressentir.

J’ai foi dans le message christique, ça c’est vraiment quelque chose qui me touche. Pour moi, il y a une chose, c’est « Aimez-vous les uns les autres », c’est « Aimer Le Père comme je vous ai aimé » et c’est « Aimer l’autre comme vous vous aimez ». Pour moi, ce sont mes 3 axes de vie.

J’ai du mal à en parler, parce que c’est tellement intériorisé, c’est tellement personnel, et c’est tellement mouvant aussi ; parce que pour moi il n’y a rien qui soit vraiment dans le roc. Je suis ouverte à tout ce que l’on me dit, à tout ce que je vois, tout ce que j’entends, tout ce que je lis. Donc, cela bouge tout le temps. Tout ce que vous dis aujourd’hui, je vous le dirais peut-être différemment dans 1 an. Il y a 2 ans je l’aurais dit différemment aussi. C’est pour ça qu’aujourd’hui c’est un instantané.

Aujourd’hui j’ai foi, j’ai la foi. Ma foi, c’est aussi de penser qu’à l’intérieur de chaque humain il y a cette force divine mais que souvent elle est masquée par l’ego, par des envies égotiques ou des envies de pouvoir.

C’est pour cela que je dis « ma foi elle m’appartient », elle ne rentre pas dans des rails.

Le titre d'un de vos albums est "Zut". Est-ce pour dire au Show-bizz qu'il rime avec tour de pise ?

zut(rires…) Non, c’était pas pour dire au showbizz, c’était pour me dire à moi-même. Cela représente aussi l’époque où j’en avais un petit peu marre de cette image « cucu-la- praline » que l’on m’avait collée, et qui représentait sans doute ce que j’étais à ce moment-là. C’était aussi pour dire, « j’ai d’autres choses que la gentille petite fille au regard désincarné et les yeux complètement dans le vide ».

J’avais envie aussi d’affirmer ma réalité de femme. On est dans le début des années 80, j’avais des idées, j’étais maman, j’avais envie de dire tout ça. Les textes commençaient à être un peu plus fournis, un peu plus denses. Il y avait notamment une chanson sur Fleury-Mérogis, sur les détenus, parce que j’étais allée chanter dans les prisons. Il y avait aussi une chanson un peu décalée sur une relation amoureuse entre une jeune fille et un monsieur qui aurait pu être son père.

Il y avait des trucs quand même vraiment intéressants dans cet album-là, et puis j’avais envie aussi de changer de son. Donc, j’ai quitté le côté très acoustique des précédents albums et j’ai travaillé avec un arrangeur et guitariste qui est toujours mon ami d’ailleurs, Norbert Galo, qui, à cette époque-là, m’apportait un côté très électrique, très groupe ; je ne dis pas rock, mais plutôt soft-rock.

Et puis pour faire un point un peu plus surligné, j’avais coupé mes cheveux, donc mes bouclettes … Et la pochette était pour moi très provocatrice à l’époque, c’est-à-dire , au lieu d’être dans une ambiance « Hamiltonienne » comme c’était le cas dans mes 3 précédents albums, j’avais choisi un collage d’un artiste et dans ce collage il y avait un homme nu de dos, il y avait une guitare électrique et des couleurs très rouges. J’étais habillée avec un truc un peu métallisé. Mais c’était le début des années 80, et moi je ne faisais que suivre la mode. Sur l’image de la pochette de 74 de « Je suis », j’avais une robe en dentelle, j’étais dans un paysage automnal avec une cascade…. Et là la mode continuait ……

Cet album a été jeté joyeusement par tous les médias, et c’est là que j’ai disparu des médias. Enfin, en gros, c’est très schématique bien sûr, mais quand même, c’est là que ça à commencé à décliner pour moi. Mon « Zut » il était affirmé, et comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je ne regrette pas du tout d’avoir fait cet album. Je suis très contente de l’avoir fait.

D’ailleurs, je l’ai réécouté il n’y a pas très longtemps, et je me suis dit « quand même il était vraiment bien cet album ».

Vous avez été Marie-Madeleine dans la comédie musicale "Marie-Madeleine", écrite par les vendéens Patrice et Roger Martineau et mise en scène par Michaël Lonsdale. Il s'agit de la vie et de l'itinéraire de Ste-Marie-Madeleine de Palestine en France. Comment l'avez-vous vécu artistiquement et aussi en femme chrétienne ?

C’est difficile pour moi de séparer le côté artistique et le côté féminin, et surtout par rapport à Marie-Madeleine.

Artistiquement, cela a été d’une grande puissance pour moi car c’était la première fois que j’étais sur scène pour autre chose qu’un tour de chant. J’étais mise en scène et j’avais un monologue très très costaud …. Les temps de travail avec Michaël Lonsdale a été d’une puissance et d’une écoute extraordinaire. C’est un vrai grand bonhomme, je l’aime infiniment parce que sans en avoir l’air, il a fait sortir des choses de moi ; tout en étant complètement déstabilisant. On mettait au point quelque chose et quand on revenait le lendemain il changeait la mise en scène, mais c’était simplement pour nous amener à plus.

Et puis, sur le plan de la femme, j’étais depuis toujours très attirée par Marie-Madeleine. Ma vision de Marie-Madeleine est peut-être atypique, mais comme je vous le disais tout à l’heure, elle m’appartient. J’ai pas envie qu’on la montre avec un côté diaphane, comme Marie d’ailleurs, pour moi ce sont des femmes très affirmées qui sont mises un peu de côté par les religions.

Marie-Madeleine, c’est vraiment l’image de la femme qui fait ce qu’elle a envie de faire, qui suit le chemin qu’elle a envie de suivre, qui suit ses intuitions et son amour infini pour l’Homme et pour ce qu’il représente aussi spirituellement.

C’était énorme pour moi d’avoir ce rôle-là, je me suis vraiment sentie investie. Ça m’a chamboulée.

On a joué la pièce 3 fois, et ensuite, ça s'est terminé parce que ce n’était pas viable. Je ne sais pas ce que c’est devenu et je n’ai plus de contact avec eux. Ils ont ensuite changé tout le monde, même Michaël Lonsdale a été évincé lui aussi. Je ne sais même pas s’ils l’ont montée avec d’autres personnes.

Mais cette expérience là a vraiment été extrêmement enrichissante sur tous les plans.

- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :-

Aimable retranscription de Michèle V.


Publicité
Publicité
Commentaires
R
j ai toujours aimé Nicole Rieux , mais pas moyen de la voir à la TV , pour cause de rentabilité surement . Et pourtant avec sa voix cristalline , ses beaux textes , celà manque actuellement .<br /> merci de parler d elle <br /> amitiés<br /> Roseline
G
Essai
POUR UNE CIVILISATION DE L'AMOUR
Publicité
POUR UNE CIVILISATION DE L'AMOUR
Publicité